Histoires courte, inédite et sans contrainte

Autant être clair, critiquer le # 2 d’une revue six mois après la présentation du # 1 s’apparente à du suivi éditorial. Surtout après les remous lus à cette occasion. Pourtant, une fois compulsées ces 264 pages de bande dessinée, ce #2 est réussi. D'abord une impression positive après un premier survol, puisque ce sont toujours les mêmes ingrédients, à savoir un format d’histoires courtes (entre 2 et 20 pages) et inédites. Une lecture sérieuse confirme ensuite cette première impression.

La rencontre programmée dans le cadre du festival Formula Bula permet de l’interpréter. Formula Bula propose un regard sur la bande dessinée de demain et sur celle des marges. Dans cette optique, la présence de Benoît Mouchard, directeur artistique de Casterman, et par conséquent de Pandora, démontre sa volonté de s’impliquer dans cette direction tout en faisant la promotion du recueil, l’apanage du métier. Mais la véritable explication est à chercher du côté des autres invités. La présence du vénérable Jacques de Loustal et du surprenant Gilles Rochier donne la clé.

Benoît Mouchard rappelle les fondamentaux de la revue : court et sans contrainte   , avec la possibilité de renouveler son style. L’éclectisme constaté dans le sommaire s’explique par un passage à Angoulême, en tant que directeur artistique. Expérience qui lui confère une vaste connaissance du 9ème art actuel, comme le démontre son témoignage avisé De la bande dessinée au XXIe siècle   . Il avoue son envie de créer un Esprit maison (Casterman)… tant que cela ne débouche pas sur une Pensée Pandora.

Jacques de Loustal souligne l’analogie avec Métal Hurlant, À suivre… publications dans lesquelles il a débuté et qui autorisaient déjà l’impossible. À l’époque, il s’agissait avant tout de se distinguer du classique Franco-Belge, la Ligne claire d’Hergé et l’école tout en rondeur de Marcinelle (Franquin avec Gaston). Voilà pour le style Loustal.

Gilles Rochier est plus discret. L’auteur du récompensé TMLP (pour TaMèreLaPute)   , ne perçoit pas Pandora comme un laboratoire dans la mesure où sa production est le fruit constant d’expériences graphiques. Son challenge réside plutôt dans le passage à un support grand public, différent de son support fanzine habituel. Sa seule crainte concerne l’expression française et les insultes dont sa nouvelle est truffée, et qui font toute la saveur du récit. L’une des bonnes surprises de ce #2. Rochier entraine la bande dessinée dans les «  coins sombres  », une observation participante dessinée, sans jugements.

 

 

Pandora, produit culturel contemporain, mondialisé, mélange des pointures comme le mangaka Taniguchi et le novice Andréa Cucchi. 264 pages pour retrouver un auteur connu, en découvrir un nouveau : Killoffer présente une séquence de 64 cases (8 pages de 8) assez ébouriffante, Grégory Panacionne revisite Shinning de Stanley Kubrick. Six mois pour le lire