Un solo de danse mystérieux à interpréter librement.
Dans L'Imaginarium, la danse prend modèle sur la peinture et laisse l'imagination du spectateur parcourir à son gré les formes de ce tableau vivant.
Devant ce court solo de danse poétique et léger, élaboré par la Compagnie La Locomotive, on pense à Magritte et à Picasso. La référence à Magritte est assumée : Yann Giraldou danse avec un chapeau melon et une pomme, accrochés à un fil. Ce qui donne au spectacle un côté légèrement surréaliste, décalé : « ceci n'est pas un spectacle », pense-t-on. Le clin d'œil à Picasso se devine dans le côté cubiste de la scénographie : les mêmes gestes se répètent dans tous les sens, sur tous les côtés de la scène. Au plus près des spectateurs, Yann Giraldou tourne, esquisse un geste, souvent suspendu, parfois inabouti, toujours gracieux. Entre les fils et les crochets, la danse joue d'un déséquilibre permanent.
Yann Giraldou fait le choix d'une mise en scène minimale et d'une chorégraphie dépouillée : pas de narration, pas d'autre histoire que celle que le public veut imaginer. Le spectacle est construit dans une perspective pédagogique, adressée aux scolaires, notamment aux plus jeunes : après le spectacle, les enfants sont invités à dessiner leurs ressentis, tous ces dessins étant ensuite collectés et mis en ligne.
Ce titre, Imaginarium, semble faire écho à l'aquarium scénique, avec cette structure de voiles et de plastiques, close sur elle-même, enfermant le danseur dans d'étroites limites entre lesquelles il évolue doucement. Mais il renvoie aussi à un planétarium, car l'espace est là, dans les lumières constellées qui jouent soudain au milieu du public, dans les enregistrements de la NASA qui ponctuent la bande-son. Au centre du dispositif, une pomme évoque à la fois celle des contes – une voix off évoque en permanence l'univers des contes de fées, assez maladroitement il faut dire – et celle de Newton, lorsqu'elle devient la planète autour de laquelle le danseur gravite.
De l'aquarium au planétarium, de la mer à l'espace : entre les deux termes se noue le fil du spectacle. Yann Giraldou émerge de sa chrysalide de plastique pour mieux finir endormi, la tête dans les étoiles, avec ses spectateurs
L'imaginarium, conte à interpréter pour rêveur désordonné
De Yann Giraldou
Théâtre Artéphile, du 7 au 30 juillet, à 10h30 et 11h40
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