Un regard profond sur l'imposante et riche collection de photographies du Centre Pompidou.

Du 7 novembre 2007 au 7 janvier 2008, le Centre Pompidou présentait dans la galerie du musée ses nouvelles acquisitions photographiques (2003-2007). Une petite centaine d’œuvres, datées des années 1960 à 2000, reflétaient de manière thématique la richesse des collections du Centre. Richesse que l’imposant Collection photographie approfondit et commente.

Avec plus de 1700 œuvres (négatifs ou tirages), le Centre Pompidou détient une importante collection photographique. Fin 2007, l’exposition qui en présentait quelques spécimen en montrait aussi la pertinence et la qualité, faisant se succéder Man Ray, Valérie Belin, The Atlas Group, ou encore Brassaï et Zhang Huan. Reprenant les thèmes de l’exposition, le catalogue Collection photographie aborde de manière transversale les tendances photographiques, du surréalisme aux formes documentaire contemporaines, en passant par la nouvelle objectivité et la photographie expérimentale. Les auteurs confrontent avec intelligence les recherches de différentes époques, sans toutefois oublier de relier avancées artistiques et contextes sociaux. Ainsi, dans le chapitre consacré aux "Nouvelles visions et nouvelle objectivité" entre 1919 et 1945, les planches mettent en regard les recherches de plusieurs artistes sur la surimpression, la composition, la perspective…

Plus proche du contexte historique, "Un regard à échelle humaine" fait quant à lui la description de l’essor de la photographie humaniste et des agences de presse dans les années 1930. Après la Première guerre mondiale, qui a vu se développer la technique de la photographie aérienne, le reportage photo prend en effet une place importante dans la presse. La naissance des agences de presse comme Keystone ou Rapho changent alors la structure même de la profession de photographe. Mêlant histoire et recherches artistiques, l’auteur dénoue également les deux paradoxes du "fantastique social" et du "réalisme poétique", omniprésents dans l’objectif d’Henry Cartier-Bresson ou de Willy Ronis.

Collection photographie dresse ainsi en six chapitres les étapes essentielles de la photographie, que viennent illustrer des œuvres appartenant au Centre. Bien documentés, les textes balayent à la fois les champs techniques (celle du photogramme utilisée par Man Ray) et esthétiques (le chapitre "Nouvelles visions et nouvelle objectivité", 1919-1945), mettant en perspective les images présentées. Dépassant la description historique, le dernier chapitre sur les formes documentaires contemporaines, intitulé "Sans auteur et sans art", ouvre la réflexion sur les nouveaux enjeux de la photographie figurative. S’appuyant sur les œuvres de Luc Delahaye, Jean-Luc Moulène et bien d’autres, l’auteur détermine l’influence des travaux passés - notamment celui de Walker Evans - sur la création contemporaine.

A ce constat final d’une génération s’interrogeant sur son travail et ses sources répond Family Tree, œuvre du Chinois Zhang Huan   choisie pour la couverture du livre. Dans une série de neuf portraits, on y voit le visage de l’artiste se couvrir de calligrammes, symboles de sa culture qui aboutissent, à force de surcharge, à la perte de toute identité.


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crédit photo : dalbera/flickr.com