Notre collaborateur, scénariste indépendant et journaliste à New-York, est parti au festival de Sundance pour enquêter sur l’état de la question raciale dans l’industrie du cinéma américain.

 

En 1965, le militant des droits civiques, James Baldwin et le journaliste conservateur William F. Buckley, Jr. se retrouvent à l’Université de Cambridge pour débattre du rêve américain face à la situation des Noirs aux Etats-Unis. Baldwin, pour défendre son point de vue, utilise l’exemple du cinéma : « Ce fut un choc énorme, lorsqu’enfant je vis les films de Gary Cooper pour la première fois. Tout en supportant Gary Cooper, je me rendis compte que les indiens qu’il tuait, c’était moi. C’est un choc énorme de découvrir que son pays, son lieu de naissance, ce qui définit votre identité, ne vous laisse aucune place. »   A la fin du débat, les 700 étudiants présents votèrent très largement en faveur de Baldwin. Mais 50 ans plus tard, Hollywood semble n’avoir toujours pas compris le message.

 

En janvier 2016, l’annonce des nominations pour les Oscars par l’Académie des arts et des sciences du cinéma déclenche une polémique. Le hashtag #OscarsSoWhite est propulsé en trending topic sur Twitter. Pour la seconde année consécutive, les 20 acteurs nominés sont tous blancs. Et même dans les films à propos des minorités qui sont reconnus par l’Académie, ce sont des candidats blancs qui sont présentés (les scénaristes de NWA : Straight Outta Compton et Sylvester Stallone pour Creed). Manohla Dargis écrit pour le New York Times : « Les Oscars sont blancs cette année, comme tant d’autres années, principalement parce que l’industrie du cinéma est majoritairement blanche ».

 

George Takei, l’acteur américano-japonais qui tenait le rôle de Sulu dans Star-Trek et que l’on a vu récemment sur Broadway dans la pièce Allegiance (traitant de l’intégration difficile des japonais aux Etats-Unis durant la Seconde Guerre mondiale), confirme : « Nous sommes un peuple diversifié. C’est la force des Etats-Unis. Des gens de passés, de cultures, d’histoires et de croyances différents, qui se rassemblent et forment une communauté… Et pourtant, nos films ne reflètent qu’une seule perspective ». En d’autres termes, les gens qui produisent, réalisent, écrivent et jouent dans les films d’Hollywood sont principalement des hommes blancs !

 

Certes, l’Académie a fait quelques efforts pour reconnaître les talents noirs. En 2014, 12 Years a Slave de Steve McQueen a remporté trois Oscars, dont celui du meilleur film. Mais dans le contexte actuel, ces victoires ressemblent plus à des symboles ponctuels qu’à de véritables changements de fond.

 

Certes, il y a de plus en plus de diversité ethnique sur les affiches des blockbusters américains, mais ce ne sont pas des « films à Oscars ». Pour les responsables des studios produisant ces films, il ne s’agit pourtant que d’un raisonnement économique. A l’échelle planétaire, les gens seront plus incités à aller au cinéma s’ils se sentent représentés à l’écran.

 

Mais que se passe-t-il lorsqu’un blockbuster représentant une forme de diversité ethnique rencontre les critères d’artisticité de l’Académie des Oscars ? C’est le cas de Creed (septième volet de la série Rocky) aujourd’hui. Sylvester Stallone se trouve nominé dans la catégorie meilleur acteur dans un second rôle alors que le réalisateur afro-américain Ryan Coogler, ainsi tous les autres acteurs noirs du film, n’ont pas été considérés par l’Académie.

 

Pourquoi est-ce si important de le souligner ?

 

En théorie, les artistes ne devraient pas à avoir à se préoccuper des prix et de récompenses comme les Oscars. Mais on sait l’importance symbolique, culturelle (et parfois économique) de cette cérémonie rituelle, telle que l’a analysée James English, Professeur de littérature à l’Université de Pennsylvanie et auteur du livre The Economy of Prestige. L’enquête d’English permet de comprendre pourquoi ces récompenses continuent de préoccuper ceux qui les reçoivent autant que ceux qui en sont privés. La réalisatrice noire, Ava DuVernay fait partie des exclus. Malgré le succès de son film Selma (nominé dans la catégorie meilleur film), ni son rôle de réalisatrice, ni le jeu de son acteur principal David Oyelowo, qui incarne pourtant à merveille Martin Luther King, n’ont été salués par une nomination. « Cela me blesse de savoir qu’une vision du monde est moins considérée juste parce qu’elle est le fait d’une femme ou d’une personne de couleur. »

 

Cette discrimination est-elle due au fait que les 6200 membres de l’Académie en charge de la nomination pour les Oscars sont majoritairement des hommes blancs ? (En 2012 par exemple, 94% des membres de l’Académie étaient blancs et 77% étaient des hommes). Au micro d’Europe 1, Charlotte Rampling, nominée comme meilleure actrice pour son rôle dans 45 years, a décrit cette polémique comme étant du « racisme anti-blanc » et suggéré que seules des raisons d’accomplissement artistique empêchaient les acteurs et réalisateurs noirs d’être sélectionnés, avant de faire marche arrière lorsque sa déclaration a été reprise par de nombreux médias internationaux.

 

Cette question dépasse le simple cadre des Oscars

 

Selon A.O Scott, dans le New York Times : « La surreprésentation des blancs aux Oscars est le signe, non seulement de la myopie des membres de l’Académie mais également d’un biais structurel de l’industrie qui la nourrit […], qui reflète un racisme profondément ancré dans la société. »

 

Une fois encore nous retrouvons les inquiétudes de James Baldwin sur le rêve américain. A bien des égards, l’industrie du cinéma américain fonctionne comme une métonymie de la société américaine, reproduisant les mêmes inégalités sociales que le reste du pays. Et ce problème ne peut être aisément résolu. Mais Twitter a permis de diffuser largement le hashtag #OscarsSoWhite, sensibilisant le public à la question du racisme à Hollywood.

 

L’Académie réagit rapidement

 

Une semaine après l’annonce des nominations, les 51 membres du conseil de direction de l’Académie ont tenu une réunion d’urgence. Ils se sont mis d’accord, à l’unanimité pour changer radicalement leur système de vote, de gouvernance, et de recrutement, pour plus de diversité. Pour l’instant, la présidente de l’Académie, Cheryl Boone Isaacs est l’unique membre du conseil de direction à être afro-américaine, mais forte de ces nouvelles résolutions, elle prévoit de créer trois nouveaux sièges au conseil de direction, ainsi que de nombreux autres au sein des différents comités de surveillance de l’Académie. En 2020, le nombre de femmes et de minorités membres de l’Académie devrait doubler.

 

« Une étape franchie dans un parcours long et compliqué » a twitté DuVernay à l’annonce des réactions. La productrice noire, Stéphanie Allain, qui a notamment produit Beyond the Lights (2014) ainsi que Hustle & Flow (2005) est d’accord avec DuVernay, mais elle émet aussi quelques réserves. Dans le New York Times, elle analyse : « L’Académie n’est que la fin d’un long processus. Cela commence en amont, avec le programme des films indépendants, le festival de Sundance, et celui de Los Angeles. Les talents ont besoin de travail, c’est comme ça que nous arriverons à résoudre le problème. Ce n’est pas en changeant la structure des comités mais en leur donnant du travail que nous parviendrons à une solution. »

 

Ce que désigne Allain, ce sont les nombreux réalisateurs indépendants prêts à prendre le relais, à Hollywood et ailleurs. Beaucoup d’entre eux appartiennent à une minorité ethnique. Beaucoup d’entre eux sont des femmes. La plupart sont progressistes, se battant pour plus de justice sociale … avec comme fer de lance, le Festival de Sundance.

 

Coïncidence ? La semaine de la controverse autour des Oscars est également celle de l’ouverture du festival de Sundance à Park City dans l’Utah. Quel contraste entre les deux !

 

Sundance

 

Fondé en 1978 par l’acteur et réalisateur Robert Redford comme un antidote à la marchandisation d’Hollywood, Sundance a pour objectif de mettre en lumière des films indépendants, produits hors du système des studios, et socialement et ethniquement plus diversifiés. Robert Redford explique que la différence et l’originalité des films de Sundance reposent sur les artistes qui les réalisent. « Ils se retrouvent autour de points de vue différents, car ils sont le produit d’une certaine diversité. Et j’en suis fier ». Les producteurs hollywoodiens peuvent être sur la défensive, mais Redford et son équipe n’ont pas à se justifier : les films qu’ils choisissent de diffuser parlent pour eux-mêmes.

 

Le gala d’ouverture du festival de Sundance commence cette année par la projection, dans une salle remplie de célébrités, du film Norman Lear : Just Another Version of You. Certes, Lear est un vieil homme blanc, et il est un des producteurs les plus renommés d’Hollywood. Mais c’est son travail qui est mis à l’honneur dans ce documentaire. Ses séries télévisées ont mis en lumières les problèmes raciaux dans les Etats-Unis des années 1970, et ce, malgré les résistances d’Hollywood. Entre l’hommage, la nostalgie et le besoin urgent de se souvenir, ce documentaire pose une question dérangeante. Pourquoi Hollywood ne se préoccupe-t-il pas davantage de ces problèmes aujourd’hui ?

 

Lear a marqué le début du festival. Pendant 10 jours, l’édition 2016 du festival de Sundance s’est attaquée aux sujets épineux de l’Amérique contemporaine à travers une centaine de films et de documentaires.

 

Parmi les favoris, trois films traitent de la question noire. Maman(s), court-métrage puissant de la réalisatrice française Maïmouna Doucouré, explore la douleur que représente la polygamie à travers les yeux d’une fillette de 8 ans. Southside with You, le premier film de Richard Tanne utilise le prétexte du premier rendez-vous de Barack et Michelle Obama, comme un prisme romantique pour traiter de la question de la race aux Etats-Unis. Morris From America est un film sur l’exil d’un adolescent noir américain vers l’Allemagne. Nourri par la culture hip-hop, ce film évite autant la dimension politique que le registre de la comédie pure. C’est l’un des rares films de cette édition à avoir reçu deux prix : meilleur scénario et prix spécial du Jury pour la performance de Craig Robinson qui joue le père de Morris dans le film.

 

Cette édition a aussi mis en lumière de nombreux films biographiques à propos de célébrités afro-américaines. Le documentaire de Spike Lee, Michael Jackson’s Journey from Motown to Off the Wall, ramène le roi de la pop à la vie, à travers l’analyse de ses chansons par de nombreux artistes contemporains. Le film de Don Cheadle, Miles Ahead, explore la vie du légendaire Miles Davis, d’une façon aussi créative et improvisée que la musique du jazzman. Maya Angelou And Still I Rise, réalisé par Bob Hercules et Rita Coburn Whack est une habile biographie de la chanteuse et poète Maya Angelou qui écrivait ces vers : « Vous pouvez me traîner dans la boue / Mais comme la poussière, je m’élève pourtant. »

 

La réalisatrice R.C. Whack, elle-même afro-américaine explique : « Le racisme et le sexisme sont partout, pas seulement à Hollywood. Les Afro-Américains, les Hispaniques, les femmes… Il faut nous battre pour pouvoir être entendus, et Maya Angelou nous montre comment. Militante toute sa vie elle endura les épreuves avec grâce. Elle fut une pionnière et la mentor de nombreuses personnalités : de James Baldwin à 2Pac en passant par Malcom X. Elle fut même la première Afro-américaine à rejoindre la Guilde des réalisateurs d'Amérique   , lorsqu’elle réalisa en 1998 le film Down in the Delta. Maintenant, il faut qu’Hollywood réalise que d’autres suivront son chemin. »

 

Roger Ross Williams est d’accord. Il est le premier réalisateur afro-américain à avoir remporté un Oscar (dans la catégorie « meilleur court-métrage documentaire » pour le film Music by Prudence en 2009). Il a également remporté cette année le prix du meilleur réalisateur de documentaire à Sundance (pour son film Life, Animated, qui raconte l’histoire d’un jeune autiste). Et pourtant, il n’arrive toujours pas à trouver un agent ! « Les responsables financiers, qui sont blancs, veulent confier leur argent et leurs histoires à des gens à qui ils peuvent s’identifier. C’est pourquoi les gens de couleur sont exclus. J’ai gagné un Oscar et le prix du meilleur réalisateur à Sundance, mais je ne peux toujours pas avoir un agent. Je suis invisible aux yeux d’Hollywood. » 

 

De quoi nourrir la réflexion…

 

De nombreux films projetés à Sundance offraient matière à penser, mais peu furent aussi dérangeants que le gagnant du Grand Prix du Jury : The Birth of a Nation. Ecrit, produit et réalisé par le jeune Afro-américain Nate Parker (qui joue également le rôle principal), ce drame cinglant, qui raconte l’histoire d’une révolte d’esclaves Noirs en Virginie, a été accueilli dans l’enthousiasme par une standing ovation, des critiques dithyrambiques et une offre d’achat battant tous les records de Sundance. En plus du Grand Prix du Jury, le film a remporté le très convoité Prix du Public.

 

L’action est inspirée d’un fait réel, souvent occulté dans les livres d’histoire. Le film suit un esclave noir, Nat Turner, pasteur cultivé et compatissant, qui finit par s’engager dans une sanglante croisade contre les oppresseurs blancs. Le titre du film est bien sûr « inspiré » du grand film raciste de D.W Griffith réalisé en 1915.

Comme l’explique Parker au Filmmaker Magazine, le film de Griffith était de la pure propagande : « Non seulement il favorisa la résurgence du Klu Klux Klan et des massacres qui suivirent, mais il est également à l’origine des fondations de l’industrie du cinéma américain contemporain. »

 

Le film de Parker n’est pas parfait.  Certains moments sont embarrassants : Nat, regardant son maître mourir devant le vitrail d’une église, la chanson Strange Fruit illustrant l’image d’un lynchage de sept esclaves… On pourrait penser qu’il s’agit d’une victoire plus politique qu’artistique, voire rejoindre ces deux adolescents affalés à la fin de la projection : « Too much hype » (beaucoup de bruit pour rien). « Il y a trop de films sur l’esclavage, nous savons déjà à quel point c’était horrible » se sont-ils plaints. « Le mec de 12 years a slave en a plus bavé ! »

 

Au-delà du débat sur la valeur artistique du film, voici en quoi Birth of a Nation version 2016 peut être considéré comme un film important. Écoutons son jeune réalisateur : « Lorsque j’étais enfant, les seuls héros noirs dont j’entendais parler étaient des athlètes. Les livres de classe m’ont appris que les Noirs n’étaient qu’acceptation passive dans une nation dirigée par des Blancs. Mais j’ai découvert l’histoire de Nat Turner à l’Université, et je me suis battu depuis ce temps pour en faire un film. Je l’ai fait parce que je veux que les gens sachent qui nous sommes et comment nous en sommes arrivés là ; parce que je veux qu’ils soient touchés, et qu’ils se battent pour que ça change. Je l’ai fait parce que la société est malade et qu’elle a besoin d’être soignée. On ne peut pas guérir si l’on est passif. » Sur la scène, après la projection, Parker regarde l’audience et lance : « Etes-vous passifs ? Êtes vous corrompus et complices ? Il n’y a pas de juste milieu ! »

 

À cet égard, Birth of a Nation est comme la quintessence de l’esprit Sundance. « On ne programme pas ce que le public veut, on programme ce dont le public a besoin, mais dont il n’a pas encore conscience » nous dit l’organisateur du festival John Cooper. « On veut sortir le public de sa zone de confort, pour lui montrer des films engagés ».

 

En fait, l’objectif de Cooper est double : mettre en place un festival pour « bouger » le public, et soutenir les réalisateurs qui sont à l’origine de ce mouvement. « Je suis obsédé par la longévité des carrières. Je veux que les cinéastes puissent continuer à travailler. J’aime bien l’idée que l’on puisse alterner au cours d’une carrière entre des films indépendants, des productions hollywoodiennes et des projets pour la télévision. » Pour certains, Sundance est un tremplin vers les studios d’Hollywood. Au delà de son prestige personnel, le festival permet d’obtenir une visibilité, de nombreuses aides financières, d’assister à des séminaires, de trouver des parrainages dans l’industrie. «On réunit des artistes au sein d’une communauté créative pour qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls » explique Robert Redford. « C’est un objectif de Sundance depuis le début ».

 

#HollywoodSoWhite

 

Selon l’éditorialiste Roxane Gay, « il n’y a pas assez de cinéastes issus de la diversité parce qu’il n’y a pas assez de travail pour eux à Hollywood. Les acteurs et les réalisateurs noirs sont mis à l’écart, tout comme les artistes d’autres ethnicités. » Elle n’est pas la seule à le dire.  Selon une étude récente conduite par l’Annenberg School for Communication and Journalism de l’University of Southern California, « l’industrie du cinéma fonctionne encore comme un club d’hommes blancs hétérosexuels. On devrait remplacer le hashtag #OscarsSoWhite par #HollywoodSoWhite. Notre étude montre qu’une partie de la population est invisible dans les histoires populaires. »

 

Comment la voix des minorités peut-elle se faire entendre ? L’émancipation prend plusieurs formes : l’éducation, l’engagement, la distribution, le financement, la promotion, la mobilisation… Déjà plusieurs personnalités ont décidé qu’ils n’iraient pas aux Oscars cette année. D’autres ont promis de continuer à faire vivre le hashtag #OscarsSoWhite après la cérémonie. Roxane Gay suggère que l’on boycotte l’industrie : « Les acteurs et les cinéastes blancs doivent agir au delà des plateaux de télévision. Ils doivent refuser de participer à des projets qui ne mettent pas en valeur la diversité. Ils doivent considérer ce problème comme le leur ». Comme le dirait James Baldwin, c’est notre problème. Les Oscars ne sont que la surface visible de l’iceberg. Le manque de diversité dans l’Académie n’est qu’un grossissement des inégalités structurant Hollywood, elles mêmes reflétant celles de la société dans son ensemble.

 

Les derniers mots sont pour Trevor Baldwin, le neveu de James Baldwin. A Sundance cette année pour la projection du documentaire sur Maya Angelou (c’était sa marraine), il résume : « Nous pouvons remonter jusqu’à la mythologie : raconter des histoires c’est un acte magique. Nous sommes tous fascinés par l’inconnu, et quoi de plus inconnu que notre propre nature humaine ? Le problème, c’est que les histoires que raconte Hollywood sont biaisées, et que les Oscars célèbrent leurs valeurs élitistes. Nous avons besoin de plus d’histoires qui disent la vérité, qui s’adressent à tout le monde. Plus d’histoires comme Birth of a Nation, mais plus grandes encore. Il faut faire renaître notre nation, pas seulement dans les films mais aussi au-delà : dans la façon même dont nous nous considérons. Si nous pouvons changer la manière dont les gens voient la réalité, alors nous pouvons changer cette réalité. »