Après la récente parution de la Revue du Crieur (Médiapart/La Découverte)   , nous voici à même de rendre compte de la parution d’une deuxième nouvelle revue concernant les arts et la culture. Elle s’intitule Nectart (Editions de l’Attribut), soit : Nouveaux Enjeux dans la Culture, Transformations Artistiques et Révolution Technologiques. Sous la direction d’Eric Fourreau, un comité de rédaction (Pascale Bonniel-Chalier, Jean-Gabriel Carasso, Jean Hurstel, Serge Saada, Emmanuel Wallon, ...) contribue à souhaiter faire de cette revue un instrument d’observation et d’analyse de l’actualité culturelle nationale et internationale, et surtout un instrument pluriel (diversité des signatures), transversal (culture, arts, technologies), de débats. La revue n’exclut par les controverses (on le montrera ci-dessous), prolongées sur le site Internet (revue-nectart.fr).

La lecture du numéro 1 de Nectart alimente largement et avec pertinence la réflexion. On met peu de temps à saisir la qualité des articles, à apprécier l’acuité des regards proposés sur les arts et la culture, à s’approprier aussi des résultats d’enquêtes à partir desquels les analyses sont conduites. Les interrogations à partir desquelles les rédacteurs ont été contactés sont bien celles de l’époque (un événement, une loi, un propos), même s’il est parfois nécessaire de se méfier de trop coller à des thématiques fabriquées par certains médias (le bouleversement du paysage culturel, l’art devenu trop sage, ...). Le risque est tout simplement de répéter, quoique à une autre échelle, ce que tout le monde entend déjà partout.

Ce premier numéro s’ouvre par un entretien avec un invité : le psychiatre Boris Cyrulnik. Interrogé sur la résilience dans l’art, il répond pourtant surtout à la question des fonctions de la représentation dans la formation psychique. En quoi, il reste sur son terrain, ce qui lui permet de rendre son propos habituel plus accessible.

La rubrique Enjeux culturels réunit six articles construits à partir des questions de politiques culturelles : la compétition mondiale autour de la construction des nouveaux musées (Beaubourg, comme paradigme, et Bilbao-Guggenheim comme terrain d’extension, par Marc Terrisse), la question des territoires relativement aux lois récentes (par Emmanuel Wallon), les intermittents, à quoi s’ajoute une interrogation sur la place de la culture dans le régime Hongrois actuel (plus factuel que conceptuel). Chaque article se donne bien pour tâche de partir d’une actualité, puis alimente le débat avec des données, enfin expose le parti pris de l’auteur.

Dans le même dossier, on notera deux articles plus originaux. Le premier est un article portant sur les droits culturels (Farida Shaheed). Il a le mérite de résumer les principes généraux conçus au niveau mondial (Unesco et Déclaration universelle des droits de l’homme), mais manque sans doute d’une réflexion plus concrète, notamment, sur le projet de loi portant sur la création artistique en cours d’élaboration en France (à discuter d’urgence), sur le concept de « droits culturels » (fort débattu, en particulier en Belgique), voire sur les conventions européennes (mises à la question en Allemagne). Le second n’est pas à proprement parler un article, il s’agit plutôt d’une controverse fort intéressante portant sur « Une politique culturelle basée sur l’offre ou sur la demande ? ». Les deux protagonistes (Jean-François Marguerin/Olivier Babeau) déploient leur propos face à face sur plusieurs pages de la revue, ouvrant ainsi simultanément l’esprit du lecteur à ladite controverse.

La rubrique Transformations artistiques donne à lire une étude importante sur les séries télévisées et leur accession progressive au panthéon de l’art majeur (c’est évidemment une interrogation). Cet article rejoint toute une série d’autres articles de ce type, publiés dans les magazines ces derniers temps, comme si une inquiétude sourde devait peser sur les programmes télévisuels de la rentrée prochaine. La sociologue Anne Gonon tente une synthèse concernant l’art urbain. Cette dernière est classique, mais manque d’éclaircissements sur l’usage des concepts, l’espace urbain n’étant pas nécessairement identique aux lieux publics et ces derniers ne pouvant être confondus avec l’espace public. Confusions très courantes en France, alors que nos voisins Britanniques, Allemands et Italiens s’acharnent à juste titre à distinguer ces registres d’analyse.

Enfin, la rubrique Révolution technologique reprend le dossier Netflix, Deezer, Spotify, Amazon... sous l’idée d’une « impossession culturelle », ce qui, après tout, introduit un nouveau concept dans le débat.

Pour donner aux futurs lecteurs encore une précision, indiquons que ces deux nouvelles revues procèdent de typographies assez proches et de mises en espace qui sont typiques de l’époque. Ce qui ne peut qu’encourager leur approche par des lecteurs aux habitudes culturelles récentes