Surtout, l’arrivée au pouvoir de D. Medvedev, au-delà d’un questionnement légitime sur la réalité d’un régime de type monarchique où le souverain en place choisi lui-même son successeur, marque la volonté russe de mêler encore plus étroitement le secteur énergétique à la politique officielle de l’État. L’énergie – principale ressource du nouvel État russe sera, à n’en pas douter, amenée à jouer un rôle central dans la politique étrangère de la Fédération au cours de ces prochaines années. Le choix de D. Medvedev, ancien vice-Premier ministre et président de l’oligopole gazier emblématique de la fermeture du secteur énergétique en Russie, que l’on dit occidentalisant, libéral et globalement plus souple que son prédécesseur et parrain politique – Vladimir Poutine – n’est dès lors pas totalement dénué de sens. Son ascension est en tout cas préférable à celles de beaucoup d’autres que Russie unie aurait pu choisir à sa convention de décembre 2007, on pense notamment au candidat des siloviki – Serguei Ivanov.
Il est difficile de commenter plus avant le simulacre d’élections qui a eu lieu ce dimanche 2 mars, difficile d’y noter quoi que ce soit de remarquable à part peut être un nouvel effritement de l’électorat communiste, parti qui ne représente aujourd’hui ni une réelle opposition, ni même une alternative tangible au régime en place. Il s’agit seulement d’espérer que l’arrivée de D. Medvedev va marquer un certain assouplissement et une démocratisation de l’espace public en Russie. C'est en tout cas la volonté clairement affichée par un homme qui restera encore pendant un moment dans l’ombre de son "ami Poutine". La cohabitation qui s’annonce sera d’ailleurs à suivre de près entre un Vladimir Poutine auréolé d’une aura de quasi invincibilité et un Dmitri Medvedev qui contrôlera la réalité du pouvoir mais que l’on dit encore un peu tendre.
- Liste d’articles du New York Times sur la passation de pouvoir entre V. Poutine et D. Medvedev.
- Voir aussi le dossier sur l'élection de D. Medvedev sur le site de Courrier International.
- Lire également la critique de l'Atlas Géopolitique de la Russie.
--
Crédit photo: World Economic Forum / flickr.com