Dans un article publié sur slate.fr le samedi 31 janvier, Jérémy Collado évoque les rapports, trop souvent occultés, de Rimbaud à la ville de Marseille. Dans la deuxième partie de sa jeune vie, devenu aventurier et marchand après avoir abandonné la pratique de la poésie, Rimbaud fut régulièrement de passage à Marseille pour traverser la Méditerranée. Comme l’explique Jean-Baptiste Baronian, « dès que Rimbaud voulait aller au Moyen-Orient, il n’y avait en France qu’un seul port où des bateaux se rendaient en Egypte. Et c’était Marseille »   . Si le poète n’avait donc aucun rapport « affectif avec la ville »   , celle-ci n’en a pas moins eu une importance géographique incontestable dans sa vie. 

Si Rimbaud cherchait à fuir la France, pourquoi y est-il si souvent revenu ? Jérémy Collado nous révèle que ses allers-retours étaient rarement souhaités : c’est la maladie qui le contraignait à revenir en France. C’est paradoxalement à l’Hôpital de la Conception qu’il a passé la majeure partie de son temps lors de ses allées et venues à Marseille. La ville, qui lui offrait la possibilité de s’évader, fut également l’espace de ses souffrances. Le poète y a passé ses derniers instants : « C’est un paradoxe : Marseille a été simplement pour lui une ville de transit… sauf pour sa mort ! »   , explique à ce propos Jean-Baptiste Baronian. 

Difficile donc de qualifier précisément la nature des rapports de Rimbaud à la ville de Marseille. Cela se retrouve jusque dans la manière dont il y est aujourd’hui considéré. De fait, certains lieux portent sa trace, mais restent relativement méconnus des habitants de la ville autant que des touristes. Certains, à l’instar de Jacques Bienvenu – qui veut créer un espace Rimbaud au sein de l’Hôpital de la Conception – souhaitent réaffirmer l’importance de l’héritage marseillais du poète. Ces initiatives, et les résistances qu’elles rencontrent, sont révélatrices de la difficulté de s’approprier l’héritage d’un homme dont l’existence, faite de ruptures et de mouvements, reste foncièrement insaisissable

L’article de Jérémy Collado, ici présenté, est à découvrir sur le site de slate.fr.