Il s'agit d'abord de l'influence exercée par Marcel Duchamp sur la pensée artistique contemporaine. La direction des musées de Rouen a réalisé une opération importante, en exposant les artistes en compétition pour l'édition 2014 du prix Marcel Duchamp. Les candidats en compétition : Théo Mercier, Julien Prévieux, Florian et Michael Quistrebert, Evariste Richer. Les oeuvres proposées ne se contentent pas de renvoyer à Duchamp, elles sont donc exposées dans l'Abbatiale Saint-Ouen, alors que Duchamp est "l'héritage" de la ville. On sait que le prix portant son nom a été créé en 2000 par les collectionneurs de l'Association pour la Diffusion Internationale de l'Art français. Organisé en partenariat avec le Centre Pompidou, le Musée national d'art moderne et la FIAC.

Au-delà de ces renseignements, on retient, parmi les oeuvres proposées, celles de Julien Prévieux, puisqu'elles intéressent cette rubrique Arts et Sciences. Né à Grenoble en 1974, il vit et travaille à Paris. Il opère sur un champ assez vaste qui va du management et de l'économie, aux dispositifs de contrôle sécuritaires, aux technologies de pointe et à l'industrie culturelle. Dans ces sphères, il agit à contre-emploi. Il ne cesse de déployer des exercices de mise en perspective des fonctions sociales, et se dote des moyens critiques nécessaires.

Relativement au couple Arts et Sciences, il propose MENACE, Machine Educable Noughts and Crosses. Une des premières machines qui apprend. S'inspirant d'une machine scientifique créée en 1961 par Donald Michie, avec 304 boîtes d'allumettes, implémentant physiquement le principe d'apprentissage par renforcement. Julien Prévieux en reprend le principe pour muer le spectateur non seulement en regardeur, mais encore en activateur. La machine apprend le meilleur choix possible dans une situation donnée à partir d'essais et d'erreurs. Dans l'Abbatiale Saint-Ouen, la machine est censée commencer, le jouer la suite, et met en jeu à la fois le système des tiroirs et lui-même. 

Julien Prévieux déploie donc une multiplicité de démarches artistiques, à partir d'un principe scientifique. En marge du fantasme cinématographique de l'intelligence artificielle, l'artiste ironise sans doute moins sur les machines que sur les usages de nos cerveaux, vite limités par des habitudes ou des figures répétitives.

L'exposition offre peu de textes de l'artiste. Mais on voit bien que ce qui est ainsi mis en scène, c'est la référence à des exercices permanents par lesquels l'esprit du spectateur pourrait retrouver, lentement, voire laborieusement, l'agilité qui devrait être la sienne, face aux oeuvres d'art en tout cas. Mais pourquoi pas, en toutes circonstances