Un ouvrage qui s’avère être un utile outil de révision, pour l’étudiant comme pour le lecteur grand public souhaitant se remettre à niveau.

Mettre la France en fiches n’est pas un défi aisé : cela rompt d’emblée tout effet de lyrisme, tandis que la méthode pose problème. Ainsi, comment sélectionner les exemples pertinents pour illustrer l’état d’un pays ? Comment faire émerger une dynamique commune d’une approche qui pousse au contraire à la morcellisation des points de vue, à la création d’une mosaïque de sujets divers ? Enfin, que retenir des différents éléments proposés – exemples, schémas, cartes, glossaire – illustrant le propos général ?

Eprouver ce fichage en règle est l’objectif de cet ouvrage. Il est collectif, regroupant une dizaine de contributeurs, et pluridisciplinaire, divisé en plusieurs parties (histoire, géopolitique, développement durable, géographie, économie, connaître autrement). Un découpage sans doute utile à étudier à l’heure… du redécoupage de la France en un nombre réduit de régions, sujet trop frais pour l’ouvrage.

 
Un œil géographique
 

Certes, un ouvrage découpé en fiches et pluridisciplinaire ne peut pas présenter une explication globale de la diversité française, s’appuyant sur des arguments, démographiques, historiques ou autres. La France n’est ici pas une personne, comme aurait dit Michelet, mais un territoire à étudier, sous plusieurs angles, qui tiennent à la fois de la géographie et de la géopolitique. C’est ce que Gilles Fumey avance dans sa préface, recensant l’apport des différents géographes à la compréhension de ce qu’est la France (Daniel Noin, Paul Vidal de la Blache, Roger Brunet, etc.), mais également celui d’un Fernand Braudel pour ses « tempéraments » ou d’un Hervé Le Bras et d’un Emmanuel Todd, pour l’approche anthropologique.

On trouvera dans ce livre à la fois des sujets embrassant des problématiques très larges – sur la puissance militaire française par exemple – mais également des sujets beaucoup plus spécifiques, concernant, au choix, l’influence de Pierre Rabhi et des vertus de l’agroécologie ou encore le parc national des Calanques. L’accent mis sur le développement durable, avec renfort de cartes et d’approfondissements, est assez illustratif de cette approche. On notera aussi avec intérêt la prise en compte des problématiques rurales et industrielles, ou encore des DROM-COM dans l’analyse, alors que ces derniers sont généralement négligés, du fait du prisme métropolitain latent, avec les exemples particuliers de la Nouvelle – Calédonie et de Mayotte.

 
Une ambition géopolitique
 

Le territoire français est étudié en lui-même dans l’ouvrage, mais il est également approché en tant que projet géopolitique. Ainsi, la place de Paris dans le système français est décrite sous plusieurs aspects, présentant la puissance économique et la capacité d’attraction de cette ville comme une chance pour la France. L’approche encore souvent citée de Jean-François Gravier (Paris et le désert français), prise à titre d’exemple, se trouve ainsi aujourd’hui démentie par les faits.

De fait, il est indéniable que la centralisation a été un projet politique mobilisateur de la royauté à la Ve République, allant de pair avec la modernisation du pays, avant que l’aménagement du territoire et la décentralisation ne renversent la dynamique. Ce projet peut s’appuyer sur une économie certes marquée par un chômage de masse et la crise, mais néanmoins compétitive dans un certain nombre de secteurs.

Le territoire français a dû lui-même se réarticuler autour de projets dépassant les frontières de l’Hexagone, sous des formes aussi différentes que l’empire colonial et l’Union européenne, autour du couple franco-allemand. Le livre laisse une place à la position internationale de la France, autour de l’ « exception française » (dont la perception est jugée très dégradée par les auteurs), la position dans les institutions de gouvernance mondiale ou la Francophonie. La partie « connaître autrement » rappelle d’ailleurs que la France dispose toujours d’une capacité d’attraction (festival de Cannes, Louvre) et d’accueil de grands événements internationaux (championnat d’Europe 2016 de football).

 
 

Au final, en procédant par touches successives, l’ouvrage s’avère être un utile outil de révision, pour l’étudiant comme pour le lecteur grand public souhaitant se remettre à niveau. On pourra certes regretter que l’ouvrage fasse l’impasse sur la période précédant le XVIIe siècle. En revanche, les cartes fournissent des éclairages utiles pour appréhender les particularités françaises. Plus que l’étude de la puissance française à l’heure de la mondialisation, l’enjeu du livre est bien celui l’identité de la France – à la fois dans ses territoires et sa dimension internationale. Grand sujet auquel le livre donne un aperçu