Si ces bruits ont tant de persistance, c’est que ni démocrates ni républicains ne sont entièrement convaincus par le choix qui leur est proposé. Bien que l’investiture républicaine soit quasiment acquise à John McCain, il est loin de susciter l’enthousiasme dans son parti. Dans un récent sondage, la moitié des républicains interrogés aurait préféré un autre candidat.
Bloomberg continue sa danse de l’hésitation : un pas en avant – il crée un comité exploratoire – un pas en arrière – non, il ne sera pas candidat – et encore un pas en avant – il dépense sans compter en sondages et études de co-listiers potentiels. Dobbs refuse à se prononcer, répétant à qui veut l’entendre qu’il n’est pas candidat mais que si cela s’avère nécessaire, eh bien, il n’exclut rien. Finalement, ce sera Nader, la bête noire du parti démocrate depuis 2000, qui déclare officiellement sa candidature dimanche matin.
Bien que Nader ne s’installera sans doute jamais à la Maison Blanche – en 2004, il n’obtient que 465.650 voix, soit 0,38% des suffrages – sa présence en irrite plus d’un. Rare est le démocrate qui ne se souvient pas avec rancœur du rôle joué par Nader dans la défaite d’Al Gore en 2000. Nader est accusé d’avoir drainé des voix qui seraient sans cela allées à Gore. Si Gore avait obtenu ne serait-ce que le dixième des quelques 97.000 votes Nader en Floride, il aurait remporté l’élection sans contestation possible.
En 2008, Nader ne pourra certainement pas jouer ce rôle de « spoiler », de candidat qui aide les républicains en divisant les démocrates. Mais il pourra indirectement galvaniser l’électorat démocrate, qui veut à tout prix éviter de revivre l’élection de 2000. Du côté républicain, la réaction inverse est attendue : Nader pourrait-il limiter l’avancée démocrate ou du moins souligner les divisions qui persistent dans ce parti ? Surtout, Nader va, à nouveau, relancer le débat sur le rôle des candidats indépendants. A quand le candidat indépendant semi-crédible parmi les conservateurs ?