Pour les fans de Big Luciano, un aide-mémoire bien illustré mais peu rigoureux.

Le petit ouvrage qu’Alexandre Latour consacre, aux éditions Hors Collection, à la vie de Luciano Pavarotti, sorti quelques mois après le décès du divo, n’a pas que des défauts.

Richement illustré, malgré une mise en page bien kitsch, il comporte de nombreuses photos intéressantes et se feuillette agréablement. Les chapitres, bâtis par décennie, retracent de manière efficace la vie, l’ascension et la carrière du ténor. On y trouvera des dates précises, des anecdotes situées, à la manière d’un aide mémoire efficace.

Dans cette logique toutefois, l’absence de toute discographie, même sélective, est indéfendable. Alexandre Latour, que l’on ne sent pas coutumier de cet univers (on y reviendra), avance même quelques éléments pertinents, par exemple sur la rivalité de Plácido Domingo et de Luciano Pavarotti   , ou quand il évoque les dernières années de la carrière de Big Luciano. Ainsi, les caprices de la star, son souci de rentabiliser au maximum la formule des concerts dans les stades (peu de frais, gros cachets…) ou encore ses frasques fiscalo-familiales des dernières années ne sont pas passées sous silence. Parfois, la question du mystère de la voix est évoquée, Pavarotti précisant par exemple "faire comme me l’ont appris mes professeurs : je m’attache à produire des sons très ronds, en forme de cathédrales"   . Le récit de certains récitals, dans les années 1970, avant que le ténor en fasse une de ses lucratives spécialités, est également intéressant car il éclaire à la fois la manière avec laquelle Pavarotti a bâti sa carrière, mais aussi son rapport au public.

Mais à côté de cela, que d’approximations, que d’erreurs, comme si les livres de vulgarisation consacrés à l’opéra étaient condamnés à la médiocrité ! Passons vite sur les exclamations ampoulées, sans doute inévitables, en l’honneur du plus grand des ténors (des ténors quoi ? verdiens ? mozartiens ? wagnériens peut-être ?) qui, vous rendez-vous compte ?, "connaît par cœur chaque note"   et les appréciations grotesques sur le contre-ut "qui désigne rien de moins que la note la plus difficile à atteindre pour un chanteur d’opéra"   . On pourrait aussi contester la présentation de certaines idées, comme le "déclin de l’opéra italien"   , peu argumenté. Parmi les approximations qui font sursauter, relevons que l’amoureuse de Nemorino n’est pas Célimène (?), mais Adina   ; que Pavarotti aurait eu du mal à enregistrer avec Joan Sutherland "La donna et mobile" (sic)   ou "Una furtiva lagrima", de l’Elisir d’amore, qui sont des soli et non des duos ; et que Der Rosenkavalier, l’opéra de Richard Strauss, peut difficilement se traduire par "le Cavalier à la rose" (re-sic)   ; et que Jean-Pierre Ponnelle a mis en scène (et non "magnifiquement filmé"), l’Idomeneo de 1982 à New-York, dans lequel Pavarotti était grandiose.

Dommage … car cette petite brochure, sans prétention, bien illustrée, si elle avait été plus rigoureuse et complétée d’une chronologie et d’une discographie aurait pu constituer un aide-mémoire efficace pour les fans de Pavarotti.


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