Une somme philosophico-critique publiée afin d’éclairer la question de l’éclectisme philosophique de Marcel Proust dans la “Recherche”.
Sous une très symptomatique couverture, dessinée par Rebecca Campbell (sans date), figurant un lecteur assis dans son fauteuil face à une immense bibliothèque (ce livre de Luc Fraisse porterait donc la vue du lecteur sur tous les livres de la “bibliothèque” proustienne ?), cet ouvrage se donne pour tâche d’éclairer le palimpseste de la Recherche, traitant, d’une certaine manière, ce cycle romanesque comme un livre de livres, ici de livres de philosophie.
À qui en sommes-nous redevables ? À Proust soi-même qui a réformé le roman. Souffrons donc maintenant qu’un autre auteur s’essaye à élever un monument à ce roman, qui consacre encore mieux le goût de ces romans qui ne prétendent pas exister tout seul. À quoi répond aussi le souci légitime de faire part d’une étude ou d’une thèse qui montre avec bonheur que la doctrine de Proust n’est pas le fruit d’une génération spontanée, ou d’une création ex nihilo.
Néanmoins, compte tenu de l’épaisseur de cet ouvrage, de l’abondance des tours et des précisions, et de la technicité qu’il déploie, croyons-nous aussi autorisés à prendre la liberté de dissocier deux possibilités de lecture. Si on est spécialiste de Proust, ce livre réjouira le cœur, et ce spécialiste jouira du plaisir que procure une étude aux goûts sûrs et à la capacité de faire d’un livre une ressource presque infinie pour détailler un tel morceau d’architecture. Il faut donc le lire, s’en emparer et le traverser avec lenteur. Cela ne signifie pas que les autres lecteurs soient proscrits de ce parcours. Il est bon aussi de leur signaler l’ouvrage et de marquer pour eux les passages qu’une estime sincère pour Proust écrivain peut les porter à chercher, afin de conforter leur approche de la Recherche. C’est, d’ailleurs, plutôt à eux que nous allons adresser cette chronique qui ne peut, en aucun cas, donner lieu à un autre livre.
De la Recherche, il convient tout de même de rappeler qu’elle ne répète pas ce que l’expression courante, le “temps perdu”, avance. Mais le fait est que dans la Recherche, tout ce qui éloigne le héros de la création littéraire et philosophique se nomme “temps perdu”, et l’accès final à une esthétique philosophique devant régir la composition d’une œuvre longue est appelé “temps retrouvé”. Simultanément, la circularité de l’œuvre se redouble du fait que le héros cherche ce que le narrateur a trouvé. Le résultat est acquis. Ainsi Proust peut-il écrire à Jacques Rivière : “Enfin je trouve un lecteur qui devine que mon livre est un ouvrage dogmatique et une construction.” Et cette circularité se divise en trois temps dialectiques : l’âge des noms ou les illusions de l’enfance, l’âge des mots ou les désillusions de la maturité, et l’âge des choses ou les révélations de l’art.
Revenons au problème posé par l’auteur, lequel concerne moins la question de savoir si Proust est philosophe (compte tenu de surcroît de ses études de lettres et de philosophie, à la Sorbonne ; mais un écrivain est-il réductible à ses études et le reflet de sa scolarité ?), que celle de savoir ce que signifie finalement l’inclusion de la philosophie dans un roman, qui n’en devient pas pour autant un roman philosophique. Cet aspect mérite à lui seul une longue dissertation. Quant à l’autre aspect, il requiert un examen précis de la manière dont un contenu philosophique s’articule à un roman. S’agissant sur ce plan d’une “opération d’implication”, produisant des contenues dogmatiques à implication romanesque, non sans que ces contenus se dérobent sous la plume de l’auteur, parce que sa construction lui interdit d’afficher son dispositif dogmatique. Ainsi s’exprime Thierry Marchaisse à propos de Proust. Et ce critique, dont les propos sont rapportés dans ce livre, amplifie le trait : le roman recouvrira donc la philosophie : les métamorphoses subies par les personnages constituent la forêt qui cache l’arbre, à savoir l’auto-transformation du héros en écrivain qui dispose l’œuvre en boucle par cette auto-formation continue à l’art de lire et de vivre.
Évidemment, sur le plan philosophique, on connaît les très nombreuses interrogations qui reviennent à placer Henri Bergson et Proust sur le même plan à partir d’un soi-disant même objet : le temps, quand on n’évoque pas aussi la mémoire ou la durée. Bien sûr, on pourrait dire, rétrospectivement, que certains passages de l’Essai sur les données immédiates de la conscience de Bergson (1889) coïncident avec ce qu’on a retenu de Proust d’une mémoire sensible : “Je respire l’odeur d’une rose, et aussitôt des souvenirs confus d’enfance me reviennent à la mémoire.” Et il est vrai que, depuis 1913, date de la parution du premier volume de la Recherche, certains critiques littéraires ne cessent de rapprocher l’œuvre de Proust de celle de Bergson. Or les deux œuvres, mais aussi les projets et leurs développements, sont foncièrement différents. Si temps, mémoire et durée, demeurent des mots communs aux deux auteurs, ils n’ont, de l’un à l’autre, aucune signification commune. Certes, il existe chez Proust des passages qui distinguent le temps mesurable (l’horloge) et le temps psychologique (la durée). Mais le temps psychologique tel qu’il le décrit est loin de comporter tous les aspects de la durée réelle de Bergson. À cet égard, Joyce N. Megay, dans son texte Proust et Bergson en 1909 explicite parfaitement la différence entre la durée, continuité indivisible, changement toujours adhérent à lui-même, et évolution créatrice irréversible, et le temps de Proust. Encore, comme nous allons le constater, l’auteur de l’ouvrage nuance-t-il ce développement.
L’auteur commence son ouvrage en répertoriant les multiples perspectives ouvertes sur l’œuvre de Proust par diverses approches philosophiques. D’une certaine manière, ramasser ainsi toutes les interprétations de Proust – philosophe, antiphilosophe, plagiaire, ou original –, donne le vertige (il faut évoquer, parmi les interprètes les plus connus : Beckett, Vincent Descombes, Thierry Marchaisse). Proust aurait donc tout été : kantien, bergsonien, schellingien… On trouve assurément de tout dans la bibliothèque interne de la Recherche. Mais en rester là, revient à étouffer la phrase de Proust sous les références, pour autant qu’elles n’en disent pas plus, finalement, sur l’auteur de l’interprétation que sur Proust.
Ensuite, Fraisse décrit sa démarche : dans une première étape, il s’attache à poser et définir les conditions de l’éclectisme philosophique de Proust. À partir de la formation philosophique du romancier, il présente pleinement les sources de l’écrivain (institutions fréquentées, programmes suivis, livres lus, cours entendus, revues connues), puis il justifie son idée d’un éclectisme de Proust. Fort de cette compétence philosophique réelle chez Proust, l’auteur convoque, en une deuxième étape, ces sources afin de dessiner la manière dont les composantes du cycle romanesque émergent. Ici viennent en avant le clivage temps perdu/temps retrouvé, les notions de croyance et de loi, les théories du langage, les conceptions de la mémoire, la philosophie du sujet… Enfin, dans un troisième temps, l’auteur rend compte de la manière dont Proust s’est attaché plus spécifiquement à certains philosophes (Descartes, Leibniz, Schopenhauer, Ribot), mais aussi G. Séailles, G. Tarde et H. Bergson.
Un chapitre entier est donc consacré à l’approche de la philosophie par Proust. Il est passionnant, en ce qu’il reconstitue le savoir philosophique de Proust. L’auteur ne prétendant pas trouver là la cause de la présence de la philosophie dans les romans de l’auteur entreprend tout de même un vaste et pertinent tableau de l’enseignement de la philosophie à l’époque de la terminale et de la licence du romancier. Son enquête lui a permis de relever les cours encore trouvables, suivis par Proust, mais aussi les programmes de l’époque. Fort de l’idée, émise par Proust, selon laquelle “la littérature n’a jamais joué de rôle dans sa vie”, Fraisse peut aller droit à son sujet. Au lycée Condorcet (nom contemporain, autrefois lycée Fontanes), Proust a pour professeur de philosophie A. Darlu, auquel il consacre des pages entières. Ce premier modèle que Proust ne gommera jamais, lui a enseigné des thèmes et des œuvres dans des cours qui à l’époque étaient dictés par l’enseignant. Les manuels étaient à apprendre par cœur. Fraisse en décrit un . Puis Proust passant à l’université (1893-1895), Fraisse nous propose un parcours semblable de cette autre institution. L’auteur de cet ouvrage a entrepris des fouilles gigantesques pour retrouver des cours et des références de l’époque, prononcés dans une université fort attachée à dispenser le kantisme, tel que connu à l’époque (depuis V. Cousin et C. Renouvier, et sur fond de querelle “philosophie française” vs “philosophie allemande”). Il nous pousse à la lecture des programmes, nous donne la liste des professeurs : G. Séailles, V. Brochard, E. Boutroux, V. Egger. Bref, tout un contexte s’éclaire qui ouvre de nombreuses perspectives. La véritable atmosphère, la véritable mouvance intellectuelle dans laquelle le cycle romanesque s’est développé est entre-aperçue.
Évidemment, Fraisse en vient maintenant à son axe : l’éclectisme. Il traduit son approche par l’expression le “processus éclectique”, ce qui donne plus d’ampleur à l’analyse. Il en profite pour régler un malentendu possible aux yeux des connaisseurs. En intitulant son ouvrage par le titre proposé ci-dessus, il sait bien que l’on peut dresser l’oreille et y voir une allusion à la philosophie de V. Cousin. Or, il n’entend pas éclectisme, ici, en son sens technique, historique et professionnel. Son propos, en effet, est de déterminer, si possible, l’attitude générale du romancier vis-à-vis de la philosophie. Et il utilise éclectisme pour souligner que Proust ne s’inféode à aucun courant de la philosophie prépondérant. Il faut donc tenir compte de deux éléments divergents : la constatation du rôle majeur que la philosophie joue dans la création romanesque, et l’impossibilité de rattacher la création de Proust nommément à un courant philosophique. L’idée centrale étant finalement que nous sommes placés devant une œuvre littéraire “où l’on ne peut identifier clairement ce qu’est devenu tout le patrimoine philosophique ingurgité par le licencié reçu en 1895, ni la valeur et la situation des très nombreux reflets que l’on aperçoit dans cette œuvre des doctrines et systèmes les plus divers”. Pour les spécialistes, au passage, Fraisse reconstitue une brève histoire de l’éclectisme sur laquelle nous passons.
Désormais, Proust est sorti de ses études. Mais, montre l’auteur, l’ancien élève de Darlu, l’ancien licencié de la Sorbonne, reste dans sa maturité un professionnel de la philosophie. Ses lettres attestent que ses souvenirs demeurent aussi précis que variés. Et l’auteur de comparer des lettres adressées par Proust à divers correspondants et ce qu’on sait de ses apprentissages. Proust met en effet à contribution ses connaissances. Les théories de Kant ont été mémorisées. Il se souvient de lettres de Spinoza, d’ailleurs citées dans un cours, chez Séailles et chez P. Janet. Il cite aussi G. Le Bon. La distinction entre le moi et le non-moi (selon Fichte, et sa reprise par Bergson), lui reste familière. Mais ce n’est encore que l’époque de Jean Santeuil. Encore ces travaux sont-ils rédigés par l’auteur de manière polémique, puisqu’il conteste l’idée selon laquelle Proust n’aurait découvert la philosophie que tardivement. La querelle concerne évidemment avant tout les spécialistes.
Il est temps de s’attaquer à la Recherche. Fraisse commence par rappeler à la fois le début du roman et les obstacles rencontrés à la lecture de ces pages (par Gide, par exemple). Ces évocations de sommeil et de rêve, en effet, forment le récit d’une genèse, celle de la pensée consciente, celle d’une œuvre en gestation. Elles contiennent les éléments qui déterminent le roman entier, tout autant, par ailleurs, que des répétitions (Pérec, Simon), ou des analyses plus récentes (G. Poulet, A. de Lattre). À lire ces pages, explique l’auteur, il apparaît que, comparées aux apprentissages de Proust, elles contiennent une scène d’ouverture qui est le théâtre sous-jacent d’un nombre exceptionnel de débats, concernant la nature et la naissance de la pensée, le rapport entre l’esprit et le corps, entre la pensée et l’espace, mais aussi la pensée et le temps. Ce sont ces aspects que le patrimoine philosophique permet d’éclairer. S’y joue aussi tout l’enjeu de la psychologie contemporaine. La formation de Proust révèle les enjeux qui y sont enfouis.
L’auteur montre alors comment la référence à Ravaisson (De l’habitude) fournit le fond des premières lignes de l’ouvrage. Mais aussi un cours de Darlu, le professeur de terminale cité ci-dessus. Fraisse détaille abondamment ce cours, portant sur l’éveil de la conscience. Il s’agit d’éveil, d’âme sensitive, de situation du dormeur, du sommeil qui ajourne la séparation du moi et du non-moi. Nul ne conclut, bien sûr, de cela à quelque plagiat. C’est le risque de la concision de ce compte rendu. L’auteur ne travaille pas sur cet axe. Il s’agit de formation et de création littéraire.
Pour insister sur un point qui intéressera plus franchement tous les lecteurs de ce compte rendu, Fraisse aboutit évidemment au commentaire nécessaire de la question de la réminiscence chez Proust. Chacun connaît les passages de la Recherche sur lesquels beaucoup se sont focalisés (la petite madeleine, Combray, la grand-mère). Heureusement, l’auteur de cet ouvrage, ne procède pas ainsi. Mais il fallait bien tout de même évoquer ce point, qui nous vaut une rétrospection historique (dans l’histoire de la philosophie) sur la question de la remémoration, de la réminiscence, de la mémoire (début p. 389, et reprise plus complète p. 561 sq.). Proust désarticule la question traditionnelle de savoir où restent les souvenirs quand ils ne sont pas rappelés par la mémoire. Fraisse reprend le débat en son entièreté : les deux mémoires de Proust, sa notion de réminiscence involontaire (problème repris aussi en p. 1050), le moindre traitement de la mémoire volontaire, le rapport avec Leibniz…
C’est ensuite toute la troisième partie de l’ouvrage qui opère les synthèses les plus productives, pour des étudiants par exemple, lecteurs de Proust. Intitulée “Devenir romancier”, elle s’intéresse en premier lieu aux idées romanesques extraites de la lecture directe, partielle ou complète d’un certain nombre de philosophes. Ce sont Descartes (et les éditions qui ont été lues par Proust, ici répertoriées), Leibniz, qui viennent ici en avant. Mais aussi Schopenhauer. L’auteur se sert de la correspondance avec Anna de Noailles pour éclairer certains points concernant les rapports de Proust et de ce philosophe, mais c’est pour conclure que cette lecture n’aboutit pas à justifier les grandes décisions constructives de Proust. De même, tout le contexte des débats esthétiques, notamment autour de J. Ruskin, est reconstitué (engageant, par ailleurs, une réflexion sur un philosophe dont on parle peu de nos jours : J.-M. Guyau).
C’est en ce point que revient le rapport Proust-Bergson. Autour de lui tellement de choses, et de toutes veines, ont été écrites, que l’auteur doit parcourir un maquis de textes et de formules. Quant à lui et à sa manière d’approcher ce rapport, il est beaucoup plus fin et plus circonspect que beaucoup, déduisant de ses lectures que ce rapport se joue moins dans les transferts d’idées, que dans la communauté de vocabulaire avec l’époque. Et surtout, les concordances s’effectuent ailleurs que dans les détails habituellement reçus. Il précise mieux encore. La critique a abondamment déjà discuté la question des rapports liant le roman de Proust à la philosophie de Bergson. Sans parvenir à un résultat concluant. Aucun ridicule, écrit-il toutefois, n’est attaché à cette aporie. La question est extrêmement complexe.
Il décide donc de la reprendre entièrement, en repartant d’abord du fait que Proust et Bergson étaient cousins par alliance (Proust fut garçon d’honneur à son mariage). Puis il examine ce rapport au travers de faits concrets : l’estime personnelle des deux personnages, les rencontres, les moments de reconnaissance, les controverses semi-publiques, et les connivences souterraines. Durant ses années de formation, Proust a lu du Bergson (notamment des discours), et il restera pendant plus d’une dizaine d’années tout d’admiration pour cet aîné. Sans doute fut-il sensible à ce propos de ce dernier : “Peut-être une loi naturelle et nécessaire veut-elle que notre esprit commence par accepter les idées toutes faites et vive dans une espèce de tutelle, en attendant l’acte de volonté, toujours ajourné chez quelques-uns, par lequel il se ressaisira lui-même.” Mais des différences de plus en plus marquées se font jour ; même si Proust assiste à la leçon inaugurale du Collège de France de Bergson (chacun sachant qu’on en aurait aimé la relation par Proust au moins puisque ce texte de Bergson a totalement disparu de la bibliothèque du Collège). Quelques anecdotes aidant, Fraisse dessine le caractère de Bergson, relativement au regard de Proust. Puis vient la grande confrontation, ou ce que l’auteur appelle le “bergsonisme souterrain de la pensée de Proust” , confrontation d’autant plus inéluctable que l’on parle de Bergson partout dans la presse de l’époque (1912). Proust lit Le Figaro, dans lequel Bergson est constamment à l’honneur, on le fait parler, on parle à sa place, on imagine ce qu’il aurait pensé de (ceci ou cela). Et c’est aussi dans ce cadre que commence un débat pour savoir en quoi la Recherche constitue un “roman bergsonien” (l’expression vient de Proust soi-même, prononcée dans une interview du journal Le Temps).
L’auteur construit sur cette question un dossier incontournable tant pour les spécialistes que pour les lecteurs habituels de Proust. Mais il encadre son propos de nombreuses précautions, dont la première consiste à se demander en quoi consisterait le geste de mettre en roman la philosophie de Bergson. Toutes questions, il en est d’autres, qui éclaircissent le débat ou du moins les termes du débat. Disons au minimum qu’elles éclairent les propos cités dans lesquels on peut lire parfois des tentatives pour tirer la Recherche implicitement vers la philosophie de Bergson, ou parfois, inversement, pour l’en dédouaner. Cette partie du dossier est à lire de très près.
Nous sommes bien conscients de n’avoir réalisé qu’une esquisse de l’essentiel de ce qui est contenu dans cet ouvrage. Nonobstant la difficulté constituée par son épaisseur, aux yeux certainement de beaucoup, il est aisé de l’aborder à quelque niveau, ou dans quelque partie que ce soit. Il est possible aussi de ne se pencher que sur tel ou tel passage, en puisant dans l’index et dans une table des matières extrêmement détaillée, si l’on veut approfondir sa connaissance de la Recherche. L’ouvrage a en tout cas mis au jour l’éclectisme philosophique de Proust, celui qui est mis en acte dans la Recherche. Mais l’auteur ne veut pas terminer son ouvrage sans tenter de répondre encore à une dernière question : pourquoi la Recherche reflète-t-elle un éclectisme aussi varié et étendu ? Cet éclectisme est-il un état de fait ou le fruit d’un projet ? Et finalement, quel rôle joue au juste la philosophie dans ce roman ?
Par prudence, l’auteur ajoute pour terminer sa somme que nul ne saurait non plus aller mécaniquement des philosophes lus ou fréquentés à la Recherche. Lui-même ne l’a ni fait, ni prétendu