Alors que le Japon vient tout juste de sortir temporairement du nucléaire, la Corée du Sud elle vient de lancer la construction de deux réacteurs nucléaires dans la centrale de Ulchin, qui en contient déjà six.

C’est la première fois depuis la catastrophe de Fukushima qu’une telle décision est prise dans la péninsule. Le gouvernement envisage ainsi toujours de faire passer le nombre de réacteurs de vingt-trois actuellement, à vingt-huit d’ici à 2030. Ces réacteurs sont répartis dans quatre centrales nucléaires et le nucléaire représente environ 30 % de l’énergie produite en Corée. La Corée du Sud est très active ces dernières années dans le développement de nouvelles technologies nucléaires et dans l’exportation de centrales, notamment vers la Jordanie ou les Emirats Arabes Unis. En Asie, elle cherche également à conquérir le marché indien, chinois et malaisien.

Mais la décision de relancer un programme nucléaire ne fait pourtant guère consensus. Les Coréens sont en effet très méfiants vis-à-vis de cette énergie, alors que la catastrophe de Fukushima s’est produite à quelques centaines de kilomètres de leurs côtes. Quant au mouvement anti-nucléaire sud-coréen, il a pris de l’ampleur depuis quelques mois. En janvier 2012, plusieurs groupes pacifistes d’obédience catholiques ont créé le " Groupe anti-nucléaire de solidarité de la côte Est " qui est soutenu par différents diocèses. Quand on connait l’importance du christianisme dans ce pays, on comprendra le poids que cela a dans la lutte anti-nucléaire. Ce groupe a demandé au gouvernement d’abandonner la construction de deux nouvelles centrales à Samcheok et YeongDeok et fermer les centrales de Wolseong et Gori.

Le même mois, vingt-deux associations de femmes coréennes lancèrent un appel pour une sortie du nucléaire. " Nous femmes coréennes", écrivent elles, "avons un sens aigu de la crise et des suites de la catastrophe nucléaire de Fukishima Daiichi en mars 2011. Nous sommes encore une fois choquées de la force des radiations vue dans la perte d’êtres humains, la pollution environnementale et la contamination alimentaire. Nous sommes encore plus choquées par la bêtise de ceux qui ont continué à construire des réacteurs nucléaires malgré que le danger de l’énergie nucléaire ait été démontré à Three Mile Island et Tchernobyl. ". Le 10 mars 2012, pour les un an de l’accident de Fukishima, plusieurs milliers de manifestants ont exprimé dans les rues de Séoul leur refus du nucléaire. Une manifestation d’une ampleur inédite pour ce pays.
 

*Article issu du blog : Le Japon à l'envers