Baromètre, sondage, auscultation, études d’opinion, qu’importe le vocabulaire, pourvu qu’il y ait une opinion. En cette semaine du Salon du Livre, ce sont les relations entre auteurs et éditeurs qui sont passées au crible. Moins régulier que les enquêtes d’opinion, le baromètre mis en place pour la quatrième année consécutive, mené sous l’égide de la SCAM (Société civile des Auteurs Multimédia)   et de la SGDL (Société des gens de lettres)   , a donné des indications sur les relations entre auteurs et éditeurs le 12 mars dernier, en présence du président du SNE (syndicat national de l’édition), Antoine Gallimard. Mitigés, les résultats indiquent des relations satisfaisantes teintées d’une légère dégradation : " jusqu’ici tout va bien, mais "   .

Le panel des sondés a doublé entre 2011 et 2012, atteignant le chiffre de 1145. Il en ressort que la majorité des auteurs sont satisfaits de leurs relations avec les éditeurs (61 %). Cependant, l’enquête révèle aussi que 31 % des écrivains sont insatisfaits et que 22 % jugent leurs relations avec leurs éditeurs conflictuelles. Cette édition 2012 indique que le degré d’insatisfaction a augmenté d’une année sur l’autre.

C’est moins la signature du contrat entre un auteur et son éditeur que l’exploitation commerciale de l’œuvre et le travail de promotion qui tendent ces rapports. Dans un secteur mouvant, en pleine mutation et où les rémunérations des auteurs sont plutôt à la baisse, les tensions sont davantage palpables. On retiendra quelques problématiques sur lesquelles les auteurs manifestent leurs mécontentements : diminution du montant des droits et des à-valoir (à la signature du contrat, ils constituent une avance sur les ventes), et surtout, la tendance au non-respect d’un principe inhérent au contrat qui lie un auteur à son éditeur : la reddition de comptes due aux écrivains régulièrement. La question des droits d’auteurs est-elle en train d’user le tandem indispensable (auteurs-éditeurs) de la vie littéraire ? Est-ce à dire que la " propriété intellectuelle, c’est le vol ! " ?   . Néanmoins, le baromètre ne vire pas encore au rouge.
Cette initiative du Scam et du SGDL pourrait être salutaire à condition de donner lieu à un dialogue interprofessionnel d’envergure. Certes, l’heure n’est pas à la dramatisation, le comportement de certains éditeurs ne doit pas faire l’objet de jurisprudence, néanmoins la vigilance demeure. Car si les relations témoignent d’un affaissement progressif, alors il convient de s’interroger sur les actions possibles pour les améliorer.

Après la grand-messe des amoureux et professionnels du livre, gageons qu’une initiative d’envergure sera prise entre les auteurs et les éditeurs à l’instar de celle qui a réuni les traducteurs avec les professionnels de l’édition lors d'une rencontre de la traduction en amont de l’ouverture du Salon. Rencontre qui a donnée lieu à la signature d'une "nouvelle mouture" du " "code des usages" pour la traduction d'une oeuvre de littérature générale".

Contrairement aux coups de sonde effectués (et effrénés) produit par le secteur médiatico-politique secteur politique, le baromètre dans le champ littéraire ne souffle pas le chaud et le froid,  comme le laissent penser ces résultats les relations entre auteurs et éditeurs sont sereines, cependant il ne faut pas mésestimer la moindre satisfaction de certains auteurs à l’égard de leurs éditeurs. Dans un écosystème en pleine mutation, les valeurs sûres constituent des bases solides pour arrimer le changement