Aux Etats-Unis, la ligne éditoriale de l’ensemble des médias n’est pas imposée par la force comme dans les totalitarismes staliniens et nazis (que Chomsky ne met cependant pas sur le même plan que la force néolibérale inspirée par Thatcher et son TINA – « There is no alternative »), mais « fabrique » tout de même le consentement de citoyens bernés : hier, Hitler envahissait les Sudètes pour des raisons soit disant humanitaires ; aujourd’hui, la communication et la publicité contrôlent nos esprits d’une manière similaire, tout en nous laissant dans l’illusion que nous n’y sommes pas soumis.
Chomsky, refusant l’idée de profit (« une pathologie de nos sociétés ») et imaginant une organisation sociale proche de celle des soviets avant Lénine et Trotsky, conclut sur le développement de l’anarchisme et des pensées libertaires.
Au final, le vieux professeur nous sert du réchauffé : rien de très neuf dans cette vision de la communication dans les démocraties, rien de différent depuis La fabrique de l’opinion publique. C’est peut-être aussi cela que l’on vient chercher chez Chomsky, du moins dans cet article : un discours divergent mais attendu, une « alter-analyse » qui veut se montrer radicale. Tant pis pour ceux qui voudraient autre chose qu’un commentaire déjà connu et très partisan.
Boris Jamet-Fournier
"Plus efficace encore que les dictatures, le lavage de cerveaux en liberté", Le Monde Diplomatique, août 2007