La Journée de la Femme, officiellement "Journée internationale des droits de la femme", est chaque année l’occasion de braquer les projecteurs médiatiques sur les combats pour l’égalité des sexes, de rappeler qu’elle n’est pas acquise. Et chaque année, de se questionner sur la forme et l’objet exact de cette lutte. Tandis qu’en France, les hommes et les femmes sont égaux devant la loi, l’égalité de fait n’est encore qu’une utopie et la nécessité d’un progrès fait la quasi-unanimité. Cependant, le combat à mener n’est pas précisément défini. Les médias se sont faits le reflet de ces questionnements qui secouent la question des droits de la femme.

L’évènement principal de la Journée de la Femme 2012 a été le lancement d’un Appel pour la Dignité et l’Egalité rédigé par huit femmes, tunisiennes, égyptiennes, libyenne, syrienne et algérienne. Lancé par France Inter et Le Monde, il est relayé par plusieurs journaux européens. Les rédactrices de l’Appel insistent sur le droit des femmes, "actrices au premier plan des changements exceptionnels que connaît le monde arabe", à "bénéficier au même titre que les hommes du souffle de dignité et de liberté qui gagne cette région du monde." Elles pointent l’insuffisance des acquis et demandent que soient combattues, notamment, les violences faites aux femmes et les inégalités de droit. Des personnalités ont apporté leur soutien à l’appel. Cet appel met en lumière l’interrogation qui traverse la question des droits de la femme dans les pays arabes, la même qui secoue les pays où le régime est tombé au printemps dernier : le rapport entre islam et démocratie. Les droits de la femme sont-ils solubles dans l’Islam, et vice-versa ?   

Campagne oblige, l’autre évènement d’actualité qui dominait la couverture médiatique du jour était la soirée organisée par les "Féministes en mouvement" mercredi à la Cigale. François Hollande, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou se sont relayés sur la scène pour exposer leurs propositions quant aux droits des femmes, avec plus ou moins de succès. Eva Joly a fait les frais de la virulence du public : d’abord accueillie favorablement, son refus de se prononcer pour la pénalisation des clients des prostituées lui a valu les huées de l’assistance. Pourtant, la condamnation de la prostitution ne fait pas l’unanimité dans tous les mouvements féministes, où certaines voix s’élèvent pour défendre les travailleurs du sexe.

Le mouvement féministe aujourd’hui, en France et ailleurs, n’est pas unitaire, mais pluriel. Dans cette veine, les Inrocks consacrent une double page à dresser un portrait des différents visages d’un "mouvement protéiforme". Des "féministes sociales" aux "gender queer" en passant par les "femmes à barbe", les revendications et les moyens d’action sont multiples. Combat à mener il y a. Mais que ce soit à propos de l’affaire DSK, des droits des femmes dans les pays arabes ou de la prostitution, les polémiques sont vives. Y compris au sein même de camps supposés unitaires, le débat est au cœur de la lutte

 

A lire aussi sur nonfiction.fr : 

- Notre dossier sur le mouvement féministe français

- Jean-Michel Carré, Travailleu(r)ses du sexe et fières de l'être, par Justine Cocset.