Sans en faire une analyse détaillée pour l’instant, il nous apparaît important de nous arrêter sur les écrits récents de Mark Lilla. Le professeur de l'université de Chicago et essayiste nous a en effet récemment livré deux réflexions sur la religion et l’Occident. Dans ses textes, Mark Lilla tente de mieux comprendre cette « grande séparation » qu’a connue la chrétienté depuis quelques siècles. Sous l’influence de Hobbes notamment (et de quelques illustres prédécesseurs), s’est instiguée l’idée que spirituel et temporel pouvaient parfois être dissociés ; une révolution intellectuelle qui a rapidement trouvé sa traduction dans la séparation des Eglises et de l’Etat. Les affrontements religieux avaient amené les penseurs à remettre en cause le rôle de la religion, et à comprendre comment la foi pouvait engendrer tant de violence.


C’est évidemment un propos très actuel, puisque Lilla étend sa réflexion bien au-delà de la chrétienté, et veut étudier comment le défi de cette grande séparation peut se poser à l’islam   . Et loin de croire que les musulmans rejoindront rapidement la position occidentale, Mark Lilla estime que le passage à un Islam libéral et dépolitisé sera long et difficile. Une réflexion profonde et transversale par un auteur très talentueux.


Boris Jamet-Fournier

 


The Stillborn God : Religion, Politics, and the Modern West, de Mark Lilla, Knopf, 352 pages, USD 26 env.

"The politics of God", de Mark Lilla, The New York Times, 19 août 2007.