La dernière née des revues françaises s’appelle Building. Publiée par les éditions Armand Colin à une fréquence bimestrielle, elle sort demain son premier numéro : " Construire librement sa pensée ".

Building entend participer au grand chantier du débat d’idées politiques et culturelles en y apportant du sang neuf grâce à une équipe formée de jeunes journalistes et en s’intéressant à des sujets souvent boudés (voir diabolisés) par les revues intellectuelles plus traditionnelles, au premier rang desquels la révolution numérique. L’architecture de la revue, déjà bien définie, n’offre pour autant aucune révolution majeure, hormis ce dialogue entre deux intellectuels intitulé "ping-pong". En effet, elle est composée de manière classique d’un dossier central sur un thème d’actualité et de rubriques "analyse" et  "entretien".

C’est avant tout la ligne éditoriale qui fait de Building un objet original. Cette ligne ne pose ainsi ni limites thématiques, ni limites disciplinaires mais propose comme dénominateur commun aux articles, une lutte partagée contre " e pessimisme ambiant ".

Se pose alors la question de l’engagement de la revue dont le directeur de publication, Michel Taubmann, avant de faire paraître la biographie de DSK, Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn   s’est illustré dans la création du Club de l’Oratoire,(2003) proche des néoconservateurs américains, puis de sa revue associée, Le Meilleur des mondes (2006). On retiendra ainsi, de son interview offerte en guise de dossier de presse annonçant la parution de Building, la prise de position en faveur d’un individualisme libéral – venant se matérialiser dans la revue par la place majeure accordée aux personnalités qui y livrent des entretiens – et " d’une pensée universaliste ", dont il serait inutile de rappeler encore les dérives auxquelles elle a pu prêter au cours de l’histoire. La liste des intellectuels invités à participer à ce premier numéro, dans laquelle on retrouve Pascal Bruckner, Frédéric Encel ou Bruno Tertrais, vient renforcer les doutes quant à l’orientation néoconservatrice de cette nouvelle revue