EuroCité, le think tank européen progressiste, publie une analyse d'Antoine Bargas sur la question de la stratégie de la social-démocratie européenne en matiière alliances partisanes. En voici un résumé.

>> Antoine Bargas, « La social-démocratie et ses alliés en Europe : pour un arc démocrate », EuroCité, 27 décembre 2011

 

Des partis sociaux-démocrates aux Verts ou aux mouvements citoyens, la gauche européenne est actuellement fragmentée, plurielle... et majoritairement reléguée dans l'opposition. Dans ce contexte, la social-démocratie, si elle veut revenir au pouvoir, ne peut faire l'économie d'une réflexion profonde sur ses alliances électorales et politiques. La situation actuelle impose donc de poser la question dans des termes nouveaux.

En France, au sein du Parti socialiste (PS), il a longtemps été difficile de dépasser la prégnance idéologique de la question des alliances tant elle a constitué une question identitaire et clivante. À chaque élection (ou chaque congrès), le PS semble poser publiquement, sans y répondre franchement et intelligemment, la question des alliances : une alliance avec le centre est-elle imaginable, et à quelles conditions ? L'alliance avec le Parti Communiste (PC) ou la gauche de la gauche fait-elle encore sens ? Comment justifier ou répliquer, au niveau national, des alliances locales différentes ? Au lendemain de la gestation difficile d'un accord avec Europe Ecologie Les Verts (EELV) aux conséquences non négligeables et après des doutes sur la stratégie à adopter face au centre, la question des alliances se pose avec acuité.

En outre, dans le contexte de la série d'échéances électorales à venir dans plusieurs grands pays européens (France en 2012, Allemagne et Italie en 2013, Royaume-Uni probablement en 2013, 2014 ou 2015), cette question prend une résonance particulière : selon leur composition, les gouvernements de gauche, s'ils sont élus, pourront-ils faire converger leurs choix politiques ? S'appuyant sur ces gouvernements, est-il possible d'imaginer une alliance politique et durable au niveau européen ?

Si les particularités nationales entre les systèmes électoraux et les traditions historiques imposent la prise en compte d'une analyse « nationale », force est de constater que deux tendances sont à l'œuvre au niveau européen : (i) l’effritement de la social-démocratie au profit de mouvements alternatifs, citoyens et temporaires, et (ii) l'émergence d'une nouvelle droite et d'une extrême droite populiste.

Sur la base de ce constat, nous verrons en quoi la question des alliances, du niveau local au niveau européen, est fondamentale pour la social-démocratie et, après une revue des principales options politiques, nous esquisserons des pistes de réflexion pour un débat refondé.