Des installations hybrides de la plasticienne Charlotte Charbonnel mêlent mécanique, sculpture et vidéo. Tenant le spectateur pour partie intégrante de son travail, elle met au jour les différents temps de la création sous la forme d’un atelier laboratoire….

Née en 1980, Charlotte Charbonnel travaille aux frontières de la science et de l’art. Elle invite dans son laboratoire, où les phénomènes naturels et physiques sont souvent les points de départ de ses recherches. Le dispositif qu’elle a imaginé puise dans l’énergie du lieu et répond à la présence du Rhône, la violence du vent et l’atmosphère souterraine des salles.

L’exposition baigne dans une atmosphère sombre qui fait pénétrer dans l’intimité des recherches de l’artiste. Le projet initial visait à "faire entrer le Rhône, d’une manière ou d’une autre, dans le musée". Finalement l’artiste s’est tournée vers l’une des autres forces présentes dans le musée : le magnétisme. Les œuvres présentées, recomposées ou créées in situ, participent de cette tension sous-jacente, de cette énergie qui sourd et se déploie dans l’espace. L’artiste s’intéresse à "ce que l’on ne peut pas maîtriser, à cette alliance de beauté et de danger perceptibles lors de phénomènes naturels". La matière première de ses œuvres : le lieu qui les accueille. Son médium de prédilection : l’expérimentation. C’est ainsi que l’artiste-chercheuse, comme elle aime à se définir, présente d’étranges objets d’écoute qui captent l’atmosphère sonore des lieux, comme un hommage aux chuintements du Mistral (Echo) ; une vidéo fantasmatique (De 48°34’ à 18°) qui convoque l’astre solaire au coeur même des souterrains du musée ; et un dispositif sonore interactif (Stéthosphères), offrant au visiteur l’occasion d’être acteur d’une expérience unique. "Les ondes sonores aussi ne cessent de m’étonner. A une époque, je cherchais à écouter là où on ne peut pas entendre : je plaçais des micros au réfrigérateur ou au fond de l’eau... Ainsi sont nées les Stéthosphères. Il y a des choses dans le son que je ne comprends toujours pas, et c’est ce qui me fait avancer".

L’artiste a également inventé une machine magnétique (Resonarium), créé des dessins à la poudre de fer, et fabriqué la maquette d’un projet inédit, Colosse miniature... "Emprisonner des phénomènes impalpables est le défi que je me suis lancé. Dans Resonarium et Colosse, je me confronte à un matériau insaisissable : la limaille. Sans la force des aimants, cette poudre de fer retombe et la forme disparaît".
Énergie, ondes, vibrations et magnétisme sont l’essence de ce travail, à mi-chemin entre l’art et la science, l’expérience sensible et l’expérimentation.

Le communiqué de presse l’affirme, les comptes rendus d’exposition aussi, la visite le montre. Mais comment s’articulent donc Arts et Sciences ?


* Exposition Charlotte Charbonnel : "Le laboratoire magnétique", Musée Réattu, Arles, 1er juillet-16 octobre 2011.