Le livre de Wilfrid Sheed est une déclaration d’amour au jazz et aux cinq hommes, qui, au début du XXème siècle, ont créé, comme les peintres de la Renaissance, un mouvement artistique d’une ampleur formidable. Toutes les conditions pour une success story musicale sont alors réunies, et le génie divin de cette cohorte de jazzmen ne gâte rien : on connaît encore le « God Bless America » de Berlin, qui est aujourd’hui devenu le second hymne américain.
Wilfrid Sheed est un passionné. Il sait parler comme un musicien des chansons qu’il cite, et traite à la fois en historien, en biographe et en critique cette période d’un quart de siècle si décisive pour l’histoire de la musique. Le titre du livre souligne toute la reconnaissance que Sheed porte à Gershwin, l’homme qui rassemble le jazz et la culture classique. Mais Sheed est un puriste du jazz et du swing - il rechigne à s’aventurer dans ces musiques dont les « Big Five » avaient ouvert la voie et qu’on entendra plus tard, comme celle de Bob Dylan (l’ouvrage que François Bon lui consacre sera bientôt discuté sur nonfiction.fr).
Il manque à ce livre un éclairage sur les évolutions futures des créations des années 1920 à 50, qui ne sont pas, historiquement, un tout isolé. Cependant, The House That George Built ravira tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette période clé pour les Etats-Unis comme pour la musique.
  
 Boris Jamet-Fournier


Wilfrid Sheed, The House That George Built, Random House, 335 pages, USD 30 environ.