Romancier, essayiste poète et éditeur de génie, Hubert Nyssen, fondateur de la maison Actes Sud s'est éteint dans la nuit du 11 au 12 novembre.

L’édition française a appris hier la disparition d’un de ses plus grands représentants, Hubert Nyssen. Romancier, essayiste et poète, il avait fondé en 1978 les éditions Actes-Sud, s’éloignant du petit monde littéraire parisien pour s’établir dans la région d’Arles. Un pays méridional et méditerranéen tel qu’on pouvait en rêver dans sa Belgique natale. Né en 1925, résistant pendant la guerre, il est devenu français en 1976, Hubert Nyssen était docteur ès lettres et c’est à une vie déjà bien remplie – il fut tour à tour apiculteur, publicitaire et comme il le dit lui même "polygraphe"– que succèdera sa vie d’éditeur.

Les livres d’Actes Sud se distinguent de l’ensemble de la production éditoriale. La qualité des papiers, de la typographie, de la fabrication et le choix des formats font qu’on ne les aborde pas sans égards. Ils sont tout empreints d’un amour charnel de l’écrit qui ne peut laisser indifférent. Leur orginalité tangible fait écho à un certain esprit éditorial, unique mais jamais uniforme. Objets dignes et non sans âme, ils s’accordent harmonieusement à des œuvres singulières telles que Le Soleil des Scorta qui reçut le Prix Goncourt en 2004 ou encore le très remarqué et très remarquable Zone de Matthias Enard, paru en 2008.

Ouvertes aux vents lointains, les collections d’Actes Sud ont beaucoup fait pour la traduction et la reconnaissance en France d’auteurs étrangers. On pense bien sûr à Nina Berberova, redécouverte par la maison en 1985, à Paul Auster, à Nancy Huston, à Cormack McCarthy mais également à l’écrivain hongrois Imre Kertèsz qui reçut le Prix Nobel de littérature en 2002. La ligne éditoriale exigeante de la maison ne l’éloigne pas du grand public, en atteste le succès en 2007-2008 de la trilogie Millenium qui succède à celui de L’immeuble Yacoubian, paru en 2006.