D'après les résultat de la dernière enquête de l'Institut Jean Jaurès, le clivage droite/gauche ne s'est pas effacé.

Sur quel terrain la campagne des élections présidentielles sera-t-elle disputée ? Dans une enquête menée avec l’institut Ipsos, la Fondation Jean Jaurès en dresse la cartographie idéologique, identifiant ses clivages structurants et en conséquence, les évolutions que devra suivre le discours de gauche.

La persistance des clivages traditionnels

D’après les résultats de cette enquête, le clivage entre la droite et la gauche communément décrit comme « dépassé » demeure dans les faits la clé de lecture valide. En effet, bien les français pensent adhèrent majoritairement à l’idée contraire, il sont 74% à se présenter d’eux-mêmes comme de droite ou de gauche. Anciennes et fluctuantes, les catégories de « gauche » et de « droite » peuvent donc toujours servir de références. Conformément à la tradition, leur opposition est structurée par la notion d’égalité sociale.

A cette permanence du clivage droite-gauche s’ajoute un clivage qualifié de « secondaire ». Selon une typologie due à Pascal Perrineau, c’est celui qui sépare les « ouverts » favorables à la mondialisation des « fermés ». Ils ne remettent en cause que partiellement le clivage primaire. En effet, selon les auteurs de l’enquête ces catégories, « ouverts » et « fermés », se superposeraient pour une part à celles de « gauche » et de « droite ».

La gauche, les ouvriers et les séniors

Le rapport de la gauche aux classes populaires est sujet à polémique depuis la définition par Bruno Jeambart et Olivier Ferrand de la « stratégie centrale » préconisant une réorientation du discours de gauche vers les jeunes, les diplômés, les femmes et les minorités. Avec cette étude, la Fondation Jean Jaurès prend une position nette.

Dans sa note d’analyse, Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation met en doute la pertinence d’une logique qui conduirait la gauche à s’en détourner. Il l’appelle à une meilleure connaissance de leur complexité  ainsi qu’à la nécessité de ne pas trahir sa vocation essentielle, la lutte contre les inégalités sociales. Dans la même logique, un discours de gauche orienté vers la jeunesse ne doit pas exclure de sa cible les séniors dont le poids démographique ne peut être négligé et au sein desquels progresse le conservatisme.

Réformistes et réactionnaires

L’étude porte enfin sur la représentation que les Français se font de l’avenir. En majorité, ils ne sont pas conservateurs, ni déclinistes. 43% d’entre eux se déclarent favorables à une réforme de la société mais la part représentée par les « réactionnaires », ceux qui se prononcent en faveur d’un retour en arrière a considérablement augmenté depuis le début du quinquennat, passant de 13% à 29%.

La dernière partie de l’étude porte sur les marqueurs idéologiques, des mots à portée normative tel  que l’ordre, le travail, la laïcité, les services publics etc. En mesurant l’importance que les participants à l’enquête leur accordent et en les plaçant sur un axe droite-gauche, l’enquête dresse une cartographie des valeurs où dominent la solidarité et la tolérance. Ces deux notions classées à gauche, sont conformes par l’adhésion dont elles font l’objet à la demande croissante de resserrement du lien social.