En 1992, l’Assemblée Générale des Nations Unies déclare le 17 octobre, journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Reprenant l’initiative du Père Joseph Wresinski   , à l’origine de la première journée du refus de la misère le 17 octobre 1987, cette manifestation a pour vocation de changer le regard porté sur la pauvreté et la manière d’aborder cette question dans la sphère publique. Cette journée entend ainsi donner aux individus vivant dans une extrême misère, un espace d’expression privilégié, mais également proposer à tous des illustrations sur la manière dont il est possible de soutenir le combat contre la précarité. Pour cela, des commémorations sont notamment organisées à New York au siège des Nations Unies autour d’un thème spécifique. Cette année, ce sont les notions de viabilité et de lutte contre l’exclusion qui ont été placées au cœur de la journée, en préparation au sommet de Rio sur le développement durable qui aura lieu du 4 au 6 juin 2012.
Très peu médiatisé en France, cet évènement a néanmoins donné lieu, en 2007, à un discours de Nicolas Sarkozy dans lequel il s’engageait à mener une politique de lutte contre la pauvreté. Deux années de suite, c’est également à cette date symbolique que le gouvernement a choisi de publier les statistiques de l’INSEE relatives à cette question sociale, publication officielle qui n’a pas eu lieu en 2011.
Pourtant, comme le rappelle l’observatoire des inégalités, la pauvreté s’est aggravée en France. Entre 2002 et 2011, le nombre d’individus en dessous du seuil de pauvreté a augmenté de 9%. Selon les critères d’Eurostat, une personne est considérée comme pauvre si elle vit avec moins de 60% du revenu national médian. A titre d’exemple, le seuil de pauvreté est fixé à 954 euros de revenu par mois pour une personne vivant seul. Dans sa dernière étude, l’INSEE évoque des taux de pauvreté oscillant entre 14, 1 % pour les femmes et 12,9% pour les hommes.
Ironie du sort, c’est en cette date symbolique du 17 octobre que Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, a décidé de signer un arrêté municipal contre la mendicité, considérée comme un comportement portant atteinte à l’ordre public. Malgré les efforts de Joseph Wresinski, soucieux de revaloriser la figure du pauvre, l’assimilation entre pauvreté et dangerosité semble encore avoir de beaux jours devant elle.