EuroCité, le think tank européen progressiste, publie une note d'Antoine Bargas sur la nécessité pour la gauche européenne de réinvestir les questions institutionnelles européennes. En voici un résumé.

 

* Antoine Bargas, "Appel à la Gauche à rouvrir le chantier européen", EuroCité, 12 septembre 2011.

 

Les appels récents à changer les traités européens, afin d'y intégrer la création d'eurobonds et d'une Agence européenne de la dette, doivent être saisis par la gauche européenne comme une occasion de s'emparer de la question institutionnelle dans un mouvement de refonte plus large et plus ambitieux.

Comme le pensaient les pères fondateurs, l'Europe avance sous l'aiguillon des crises. La gauche européenne, et en particulier la social-démocratie, a dans la situation actuelle un rôle particulier. Aujourd'hui dans l'opposition, son électorat traditionnel semble de plus en plus attiré vers des argumentaires de protection, voire de populisme utilisés tant par les conservateurs que par l'extrême-droite. Les institutions européennes, garantes de l'équilibre des pouvoirs et de l'intérêt européen, ne sont plus seulement ignorées des peuples : elles sont rejetées.

Pour la gauche, la critique des institutions ne peut être que constructive. Les institutions doivent être analysées comme des outils au service de politiques progressistes, c'est-à-dire permettant croissance, redistribution, investissement social, protection de l'environnement et rapprochement des peuples. La crise des institutions et l'inadéquation des dirigeants actuels obligent la social-démocratie à se pencher de nouveau sur l'ouvrage européen. Dans cette perspective, cet article propose de réformer, au moyen de réorganisations administratives et de partages de souveraineté, l'ensemble des institutions européennes autour de quatre pôles de décision : (1) un exécutif (au Conseil et à la Commission) rénové et resserré, (2) un « ministère européen des finances » plus politisé et de premier plan, (3) une diplomatie commune jouant un rôle d'éclaireur, et (4) la mise en place d'un pôle européen de politique sociale et d'investissement social.