Ancien conseiller en communication du Président de la République et ancien directeur du Service d'Information du Gouvernement, Thierry SAUSSEZ publie son "Manifeste sur l'optimisme" chez Plon. Aveuglement? Provocation? Nouvelle tendance? Interview.

Nonfiction.fr : Publier un manifeste sur l’optimisme en pleine période de crise (Lybie, Syrie, Grèce..) c’est une thérapie personnelle ?
Thierry Saussez : Non, cela répond à un contraste saisissant. En France on remarque que sur le plan collectif, les Français font preuve d’une défiance généralisée considérable. Par contre, sur le plan individuel, les français sont confiants. Ils croient en leur avenir personnel à plus de 90%.
En réalité, nous sublimons la confiance dans notre sphère de proximité et nous la déprécions dans l’univers collectif. Cela permet aux Français d'exprimer leurs mécontentements, de laisse libre cours à leurs frustrations. Mais ce monde est virtuel ! Ce manifeste est là pour le rappeler. Face à la crise, nous nous en sommes mieux sortis que nos voisins européens, l’optimisme est de rigueur.
Certes, le monde est dans une période de transition. L’optimisme n’est pas béat. Le monde est incertain. Mais il est également magnifique. Les progrès scientifiques, technologiques nous laissent à penser que l’avenir du monde est radieux. Vous savez, à l’époque de la révolution industrielle, certains prédisaient le pire et invoquaient toutes les peurs. Aujourd’hui des décennies plus tard, la réalité leur donne tort.

Nonfiction.fr : Pensez-vous que l’optimisme sera un thème de campagne pour la présidentielle de 2012 ?
Thierry Saussez : Je ne sais pas s’il se sera un thème de campagne. Ce qui est sûr c’est que le candidat ou la candidate qui l’emportera devra amener cette part de rêve, d’espoir qui fait que ‘on remporte ou non une élection.
Je vous le redis, ce n’est pas un optimisme béat. Il n’y a pas de destin collectif sans la part de lucidité dans un monde incertain qui, bien sûr, traversera d’autres cirses. A ce titre, l’expérience sera un facteur-clé de la campagne à venir.

Nonfiction.fr : Un candidat « optimiste » ne se couperait il pas de facto des français qui sont plutôt pessimistes sur l’avenir ?
Thierry Saussez : Effectivement et spécialement de la part du candidat sortant. S’il fait une campagne sur le thème de « Je suis génial, tout va pour le mieux », il n’a aucune chance. Evidemment.
Mais ne nous y trompons pas : appeler les Français à l’effort, à poursuivre les réformes et à s’adapter au monde est une forme d’optimisme.
Il ne faut pas écouter les déclinologues et autres oiseaux de malheur : oui, la France a un avenir, et pour s’en assurer, elle doit s’adapter aux réalités du monde.

Nonfiction.fr : Testons votre optimisme : La chose la plus positive que l’on puisse dire  sur la montée du front national ?
Thierry Saussez : Typiquement, la montée du Front National dans les sondages est le résultat du monde virtuel (notamment la recherche de boucs-émissaires) avant l’heure des grands choix réalistes. Je vais vous livrer un scoop : Marine Le Pen, si mon analyse est juste,  ne sera pas au second tour de l’élection présidentielle. Indignation, contestation, protestation, ce marketing du malheur ne débouche sur rien, ne produit rien.

Nonfiction.fr : La chose la plus positive que l’on puisse dire  sur sur l’affaire DSK ?
Thierry Saussez : La France est un pays qui a été trop habitué à une certaine forme de laxisme et de machisme en matière de mœurs. C’est un élément de la culture. Avec l’affaire DSK, on sort de cet état d’esprit et les optimismes comme moi ne peuvent que s’en réjouir.

Propos receuillis par Julien Miro