Dans le cadre de son partenariat avec la revue Histoire@Politique, revue électronique du Centre d'Histoire de Sciences Po, nonfiction.fr publie ici son dossier n°13 de janvier-avril 2011 sur "Les socialistes français face au réformisme". 

 

Ce numéro de Histoire@Politique. Politique, culture, société consacré aux relations entre le socialisme et le réformisme en France atteste le fort dynamisme de l’historiographie de la gauche. On le sait, auparavant celle-ci s’intéressait principalement aux courants les plus radicaux voire révolutionnaires de la gauche, à commencer par le Parti communiste français (PCF) et l’ensemble du système d’action qu’il avait édifié au fil des ans. Le PCF faisait peur ou fascinait, et par conséquent il fut l’objet de très nombreuses études, en dépit du faible nombre de ressources archivistiques disponibles des décennies durant. Le socialisme, pour sa part, fut relativement délaissé, et plus encore ses composantes "réformistes" qui, au demeurant, ne jouissaient pas d’une bonne image dans les milieux militants auxquels étaient fréquemment liés les chercheurs spécialisés sur la gauche. Depuis quelque temps, un mouvement inverse se produit, sans doute influencé par le retournement du rapport des forces entre socialistes et communistes français qui s’est réalisé il y a une trentaine d’années, les expériences de participation au pouvoir de la gauche à partir de 1981 et les débats internes au Parti socialiste (PS) et à la gauche dans son ensemble. En effet, le réformisme si souvent dénigré dans les rangs socialistes s’est, progressivement et non sans mal, imposé comme référence identitaire servant également de légitimation politique à ce parti. Par un système de vases communicants, la révolution perdait de son aura, surtout après 1989, ce qui n’empêche toutefois pas les partisans de la gauche radicale de continuer à fustiger les adeptes de la réforme considérés plus que jamais comme des traîtres en puissance. Presque au même moment la droite s’emparait à son tour de cette notion, cherchant de la sorte à rejeter les socialistes dans le camp des conservateurs frileux. Ainsi, dans le débat public, le réformisme socialiste est revendiqué mais également disputé et discuté. Or, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, son histoire et sa consistance sont encore très mal connues, comme les différentes expériences et significations des réformes en France. C’est dire l’utilité de cette livraison, œuvre en outre, majoritairement, de jeunes doctorants ou docteurs explorant de nouveaux domaines et des problématiques inédites, certaines plus théoriques, d’autres davantage portées sur les analyses de politiques publiques. Leur ambition est d’historiciser et de clarifier la notion si polysémique de réformisme en mettant ainsi en exergue les différentes réalités qu’elle recouvre au fil du temps.

 

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Marc Lazar

 
 

Sommaire : 

 

Le réformisme des socialistes français, par Marc Lazar. 

 

Prométhée malgré lui : le prolétariat objet de réformes et sujet de l'Histoire, 1870-1914, par Romain Ducoulombier. 

 

La tentation révisionniste et la construction d’un réformisme français, par Emmanuel Jousse. 

 

Jean Jaurès et le réformisme, par Gilles Candar. 

 

La gauche socialiste et l’économie : querelle des Anciens et des Modernes ou mue réformiste délicate (1958-1968) ?, par Mathieu Fulla. 

 

Du conseil municipal à la Chambre des députés : la tentation réformiste des élus socialistes français dans l’entre-deux-guerres, par Aude Chamouard. 

 

Le gouvernement de Front républicain : une politique réformiste sous fortes contraintes, par François Lafon. 

 

Réforme ou révolution, quelles images pour le socialisme ? Regard sur un siècle d’affiches socialistes, par Frédéric Cépède. 

 

Le parti d’Épinay : d’une rupture fantasmée à un réformisme mal assumé, par Gérard Grunberg. 

 

Réformer l’Algérie ? Des militants socialistes en "situation coloniale" dans l’entre-deux-guerres, par Claire Marynower. 

 

Le syndical et le politique. Le cas du parti socialiste et de la FEN, des années 1970 au début des années 1990, par Ismael Ferhat.

 

* Ce dossier a été coordonné par Mathieu Fulla et Emmanuel Jousse.