"Le rétablissement temporaire des frontières est une possibilité parmi d’autres" : telle est la réponse univoque adressée par José Manuel Barroso à la demande conjointe formulée par Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi à l’issue du sommet franco-italien qui s’est tenu à Rome mardi dernier. Dans une lettre adressée au président de la Commission européenne ainsi qu’au président du Conseil européen Herman Van Rompuy, les deux dirigeants nationaux exigeaient que soit examinée "la possibilité de rétablir temporairement le contrôle aux frontières intérieures en cas de difficultés exceptionnelles dans la gestion des frontières extérieures communes".

Comme on peut le lire dans un article de Ricardo Martínez de Rituerto , correspondant à Bruxelles du quotidien espagnol El País, publié le 1er mai, le président de la Commission européenne a donc manifesté une certaine ouverture devant cette proposition, tout en précisant que toute mesure ne sera possible qu’ "à condition d’être soumise à des critères concrets et bien déterminés". Il s’est donc engagé à "en tenir compte dans l’élaboration de la nouvelle stratégie communautaire en matière de migrations" qui doit être présentée ce mercredi 4 mai, en réponse à l’arrivée en Italie de 20 000 migrants fuyant la Tunisie. En évitant d’alimenter les craintes des opinions publiques européennes, une telle révision du dispositif de régulation de l’immigration conforme aux "valeurs du projet européen" devrait même permettre, selon lui, de "renforcer la gouvernance de l’accord de Schengen".

Cette déclaration en forme de reconnaissance de la nécessité d’apporter une réponse collective aux phénomènes d’immigration massive fait suite à une multiplication des opérations de police menées en France pour contrer l’afflux de migrants tunisiens en provenance d’Italie, et qui auraient déjà abouti à des centaines d’arrestations et de reconduites à la frontière. Tandis que plusieurs organisations humanitaires ont exigé des autorités "une réponse qui respecte l’humanité et la dignité" des migrants, Ségolène Royal invitait à son tour ce dimanche 2 mai le PS à s’emparer clairement de cette question, proposant pour sa part d’y apporter une "solution ferme mais humaine".


Ricardo Martínez de Rituerto, "Barroso considera factible restablecer las fronteras interiores de la UE", El País, 1er avril 2011