Un ouvrage pédagogique qui donne un panorama des situations des homosexuels à travers le monde.

Ce livre fait partie d’une collection d’ouvrages qui traitent de manière simple et ludique des nombreux problèmes auxquels sont régulièrement confrontées les personnes homosexuelles : sortir du placard, faire face à l’homophobie, etc.

Homosexuality around the World dresse un portrait très rapide de la situation juridique des homosexuels dans le monde. Ne vous attendez donc pas à une analyse pointue des différentes législations mais plutôt à un bref rappel des bases. Cet ouvrage aurait ainsi sa place dans une bibliothèque de lycée ou peut-être même de collège. Mais il est regrettable de constater qu’en France, ce genre de littérature n’est que peu, voire pas accessible à un jeune public. Malgré les nombreuses études qui montrent l’importance de sensibiliser les enfants et les adolescents à cette question, les politiques en matière d’éducation semblent refuser de prendre cela en considération, laissant ainsi le taux de suicide chez les jeunes personnes LGBT à un niveau très élevé. On verrait donc plutôt ce livre sur les étagères des différents centres LGBT qui souhaiteraient offrir un temps soit peu des informations à un jeune public. Seul bémol, il est en anglais. Mais la langue est très abordable et des rubriques de vocabulaire en facilitent la compréhension. Dans ces petits encadrés, on nous explique par exemple que l’homophobie est le fait de craindre ou de détester les gaies ou les lesbiennes ; qu’être conservateur, c’est s’opposer au changement ainsi qu’aux idées nouvelles. L’ouvrage est également pourvu de nombreuses photographies plus ou moins à propos. Comme je vous l’annonçais, il ne faut donc pas s’attendre à y trouver les travaux des plus grands chercheurs spécialistes de la question ; mais il peut constituer, une fois encore, un excellent outil pédagogique car il contient l’essentiel, enfin presque.

Après une introduction, la même pour tous les volumes de la série, et qui porte sur les tensions qui existent entre l’intérêt de l’individu et celui de la communauté, l’ouvrage nous livre les témoignages de sept personnages vivant dans différents pays. Tout au long des quatre parties de ce petit livre, chacun nous parle de son expérience en tant que personne LGBT. Le personnage principal s’appelle Eric. Il est américain et travaille comme personnel de bord pour une grande compagnie aérienne, ce qui, bien entendu, l’amène à voyager très souvent. Il a donc eu l’occasion de se faire une idée des droits LGBT dans le monde et constate avec amertume que les Etats-Unis ont encore beaucoup de chemin à faire. La deuxième partie, quant à elle, rend compte de l’état des lois sur le continent américain ; elle s’ouvre en effet sur la décision que prend le couple lesbien, Mélanie et Lindsay, de la série Queer as Folk, de partir s’installer au Canada à l’issue de la cinquième et dernière saison. Elles considèrent qu’elles pourront de cette manière offrir un environnement plus sûr et plus accueillant à leurs enfants. Les auteurs nous expliquent qu’il s’agit en réalité d’une tendance plus générale ; de nombreux américains, au lendemain de la réélection de Georges W. Bush en 2004, seraient parvenus à saturer le serveur du site de l’immigration canadienne… Le chapitre dresse enfin un rapide tableau des droits LGBT dans les différents pays du sud et du nord du continent, le champion en la matière étant bien sûr, vous l’aurez deviné, le Canada.

La troisième partie porte sur "les défis d’outre-mer". On y trouve un développement sur les Caraïbes et leurs traditions homophobes profondément ancrées dans la culture locale. Les exemples de leur manifestation sont innombrables et le bilan dressé est extrêmement noir. Entre les chansons reggae rythmées par des appels à "tuer les pédés", et les familles qui livrent leurs enfants au lynchage public lorsqu’elles apprennent leur homosexualité, les obstacles semblent insurmontables. Viennent ensuite les pays musulmans avec l’application de la charia ainsi que la situation sur le continent africain. L’accent est particulièrement mis sur l’influence catastrophique des groupes évangéliques américains qui apportent un soutien financier conséquent aux États africains et prônent l’abstinence comme moyen de lutte contre le VIH. Mais les questions ne sont généralement que survolées. Chaque partie se termine cependant par une petite invitation à "aller plus loin" où des ouvrages plus "pointus" sont conseillés.

Un continent entier semble avoir été oublié : l’Asie. Il est vaguement fait mention du Japon et du Népal qui faisaient partie en 2008 des 66 pays signataires d’une déclaration des Nations Unies condamnant toute violation des droits de l’homme fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Il est vrai que la législation est plus rarement spécifique sur ce continent. Le Cambodge, par exemple, ne dispose pas de lois discriminantes vis-à-vis des personnes LGBT et l’on a même pu constater des cas de mariages entre personnes de même sexe. Chaque année, une marche des fiertés est organisée à Phnom Penh, comptant quelques centaines de personnes. Les pays musulmans, tels que la Malaisie, affichent quant à eux des lois homophobes clairement établies. La Chine, qui abrite un cinquième de la population mondiale, oscille entre deux attitudes. Les religions extrême-orientales ne condamnent pas nécessairement les rapports homosexuels, mais les sociétés modernes ne semblent pas prêtes à accepter l’homosexualité comme un "mode de vie" opposé à une pratique secrète et occasionnelle. L’auteur de History of Homosexuality in China souligne dans son ouvrage l’importance de l’influence occidentale sur les comportements homophobes chinois. Ainsi la première élection de Mister Gay China, qui devait se tenir au mois de janvier de l’année dernière, s’est vue annulée à la dernière minute…

Pour revenir à notre ouvrage, celui-ci, après nous avoir dépeint une situation qui demeure très difficile, se termine sur une note positive et souligne les avancées accomplies depuis le début des différents mouvements. Vous avez sans doute remarqué qu’il est beaucoup question des Etats-Unis et que, même lorsque d’autre pays sont décrits, ils le sont toujours en fonction du rapport qu’ils entretiennent avec la grande puissance. L’ouvrage est donc destiné à de jeunes Américains ; ceux-là même qui mèneront le mouvement LGBT dans leur pays ou qui du moins, voteront les lois de demain. Bien que le contenu soit très simple, il parvient cependant à remettre en perspective les questions essentielles et l’on ne peut que regretter qu’il n’existe pas d’équivalent en France, qui, à l’image des Etats-Unis, a encore beaucoup de chemin à faire en matière de droits LGBT