Dans un ouvrage clair et bien documenté, Fabien Terpan apporte une contribution utile sur l'Europe de la politique étrangère en tenant compte des innovations institutionnelles apportées par le Traité de Lisbonne. Il s'interroge sur le statut d'acteur de l'UE, estimant que c'est sur le temps long qu'il faut juger l'Europe.

Etudier la politique étrangère de l'Union européenne, c'est avant tout s'interroger sur son statut d'acteur. Peut-on parler d'une "puissance politique internationale" pour l'Europe? 

 

Retraçant les différentes étapes de la construction de la politique étrangère, de sécurité et de défense de l'UE, de ses modalités de décisions et de ses acteurs, Fabien Terpan, dans un ouvrage agréable à lire et bien documenté, se demande si l'Union européenne peut, à la faveur  des innovations institutionnelles récentes, réussir à faire émerger une volonté commune "parfois vacillante". 

 

L'auteur souligne la difficulté pour les Etats membres à s'accorder sur une politique étrangère, domaine du régalien par essence.  "Les traditions et intérêts propres à chaque Etat membre continuent à peser" si bien que l'UE s'avère parfois défaillante sur certains dossiers ; son action étant entravée par "ses problèmes internes", au point que "la qualité d'acteur lui est retiré par nombre d'observateurs". 

 

La comparaison de l'Union européenne, "un acteur inhabituel, composite, complexe", avec les autres organisations internationales est plutôt avantageuse pour l'Europe qui est allée "plus loin sur le terrain politique". Rejoignant Jean-Louis Quermonne, l'auteur estime cependant que c'est sur "le temps long" qu'il faut envisager l'Europe; le Traité de Lisbonne offrant sur le court terme un saut qualitatif sans plus. Les réels progrès viendront, pour l'auteur, du contexte international et particulièrement des Etats-Unis selon que l'administration américaine envisage le développement d'une défense européenne comme une priorité ou non.

 

Sur le très cout terme, en tout cas,  la crise en Afrique du Nord fait figure de premier test pour l'Europe d'après-Lisbonne,  et risque bien de représenter un profond révélateur de la capacité d'action de l'Europe à répondre aux bouleversements de son voisinage propre