Des Sapeurs pas vraiment pompiers s'exhibent une fois par an dans les rues de Kinshasa et Brazzaville. Chronique d'une procession vestimentaire, par notre correspondante locale. 

 

Un anniversaire en grande(s) pompe(s)

 

Le 10 février : cette date ne rappelle rien à première vue. Pour la SAPE, pourtant, c’est une date anniversaire…La SAPE, la Société des Ambianceurs (ambianceurs, c’est à dire fêtard dans le langage courant des kinois, les habitants de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo) et Personnes Elégantes…  Chaque année depuis 16 ans, le 10 février voit défiler dans les rues de Kinshasa et Brazzaville, les capitales des 2 Congo, des hommes en tuniques, vestes longues, redingotes et autres tenues plus fantaisistes les unes que les autres. Ce jeudi 10 février, c’était encore le cas à Kinshasa : on les a vus circuler valise à la main dans certains coins de Kinshasa, tenue hors de prix à l’appui comme à l’accoutumée. 

 

La Sape est aujourd’hui une religion dont les adeptes, les "sapeurs" ont un mot d’ordre: bien sapé, bien coiffé, bien parfumé. Et le 10 février est une date anniversaire, celle de la mort de leur "pape", le fondateur de la religion "kitendi" (kitendi pour habit dans l’une des langues vernaculaires du Congo, le lingala), l’autre nom de la Sape. Leur pape, c’est Adrien Ngantshie Mombele, surnommé "Stervos Niarkos", qui a entraîné à sa suite une icône de la musique congolaise, Papa WEMBA. 

 

Mais qu’est-ce donc, être sapeur? 

 

Etre sapeur, c’est avoir les vêtements les plus couteux et de la dernière création. Peu importent les considérations esthétiques : il faut s’habiller cher, et le montrer. Les sapeurs se comptent aujourd’hui par milliers à Kinshasa et Brazzaville, les capitales des 2 Congo. Les sapeurs sont en représentation de manière quasiment  permanente.  A leur manière de marcher et de secouer leurs vêtements, on sait les reconnaître lorsqu’ils circulent en ville. Ce 10 février particulièrement, ils ont décidé de faire une grande sortie pour honorer la mémoire de "Niarkos". Ce qui n’a pas manqué de former quelques attroupements autour d’eux - des jeunes qui les encouragent, sourire en coin. Tout cela, sous l’œil amusé ou parfois même désapprobateur des passants.  Cette femme âgée, qui par exemple, lève les yeux au ciel et murmure : "Ces jeunes, ils n’ont donc rien d’autre à faire ?". 

 

Après avoir rendu  hommage à leur pape sur sa tombe, et pour continuer de célébrer leur journée en beauté, nos sapeurs ont organisé un défilé haut en couleurs au centre culturel français. Manière de dire que la sape a traversé les frontières. Ne soyez donc pas surpris, si vous les croisez dans les rues de Paris, de Bruxelles ou Londres…