Nonfiction.fr inaugure une rubrique hebdomadaire intitulée "Le printemps arabe" composée d'interviews, portraits, articles et enquêtes.

Cinq journalistes tunisiens se sont exprimés pour nonfiction.fr sur les évènements qui ont bouleversé le pays il y a un mois. Rattachés à des quotidiens tels que La Presse de Tunisie (journal officiel du gouvernement), Le Temps, l'hebdomadaire Réalités, ou encore reporter pour une chaîne de télévision de l'opposition Al-Hiwar Ettounsi, ces cinq représentants des médias traditionnels ont parlé librement de la révolution et de l'avenir de leur profession. Evoquant aussi bien les changements induits par les réseaux sociaux et Internet, le regard des médias étrangers et le rôle ambigu d'Al-Jazeera, les interdits et les pressions du régime, chacun a livré son point de vue.  Des "lignes rouges" de la censure à l’acquisition d’une nouvelle liberté, le travail ne fait que commencer…

 

Nonfiction.fr- Comment avez-vous vécu les évènements ? Les avez-vous couverts en tant que journaliste ? 

 

Raouf Seddik (49 ans), journaliste pour le quotidien La Presse de Tunisie - Je les ai vécus avec un sentiment de soulagement. A un certain moment, il était clair que nous avions atteint le point de non retour, que Ben Ali ne pouvait plus rester, et cela répondait à une question lancinante : comment allions-nous nous débarrasser de lui un jour ? En tant que journaliste d’un quotidien qui était "aux ordres", je ne pouvais pas couvrir les événements avec un angle intéressant. On m’avait demandé de rédiger un article appelant à renoncer à la violence… Sous-entendu, celle des insurgés. Mon article a condamné la violence, mais sans préciser s’il s’agissait de celle des manifestants ou des forces de l’ordre. D’une façon générale, je suis resté en retrait jusqu’au 14 janvier. Après cette date, j’ai écrit plusieurs articles qui sont des commentaires de l’actualité tunisienne dans son contexte nouveau.

 

Rezgui Aymen (29 ans), de la chaîne satellitaire d'opposition Al-Hiwar Ettounsi ("Canal du dialogue tunisien")- Les premiers jours du soulèvement populaire m’ont fortement rappelé les évènements du bassin minier en 2008   , mais la violence avec laquelle ce soulèvement a été réprimé a Sidi Bouzid et les villes avoisinantes a fait que les gens et en particulier les opposants au régime, qu’ils soient journalistes, intellectuels ou politiciens ont réagi de façon massive malgré la répression. Nous nous sommes retrouvés, du jour au lendemain, dans des cercles d’amis à réfléchir aux différents moyens possibles pour soutenir la révolution et l’élargir à tout le pays et en particulier à la capitale. Paradoxalement, plus le pouvoir accentuait la violence, tuait et persécutait les manifestants, plus le peuple se soulevait et la révolte se muait en révolution et se politisait. En tant que journaliste, j’ai couvert toutes les manifestations qui se sont déroulées dans la capitale, sachant qu’il était très difficile de filmer en présence d’une "flicaille" extrêmement agressive, en particulier vis-à-vis des journalistes. On a également organisé dans les premiers jours de la révolte, une flash mob avec un groupe de jeunes blogueurs et activistes.

 

Khémais Khayati (65 ans), pigiste pour le quotidien El Sabah / Le Temps et auteur du livre De mon pays (2008)J’ai vécu les évènements douloureusement car ils m'ont pris par surprise. Je ne les ai pas couverts parce que je suis chroniqueur uniquement. J’ai écrit, mais le papier n’est pas paru soi-disant par manque d’espace…

 

Hanene Zbiss (31 ans), journaliste culturelle pour l’hebdomadaire indépendant Réalités-Tout s'est passé dans la précipitation. Nous avons été dépassés par la rapidité avec laquelle c'est arrivé. Chaque fois qu'on écrivait sur une situation ou un fait, ces derniers changaient l'instant d'après. Nous étions comme des fous, ne sachant plus quoi écrire. Il y a eu une telle accélération de l'histoire qu'il était devenu impossible de suivre le cours des choses ! Et puis, il ne faut pas oublier que nous sommes impliqués et engagés et que la charge émotionnelle était inévitable. C'était notre présent et notre futur qui se jouait devant nous. Difficile d'avoir le recul nécessaire pour voir clair dans ce qui se passe. Dans notre dernier numéro, bouclé difficilement le 18 janvier, les sujets des articles portaient sur la chronique de la révolte, la fuite de Ben Ali, l'impact de la révolution sur l'économie, la corruption, la révolte des jeunes, l'avis des artistes tunisiens sur  la révolte du peuple, l'analyse des nouveaux défis politiques, une interview au président du comité de la réforme politique... Nous n’avions plus de lignes rouges à respecter. Nous nous sommes enfin exprimés librement.

 

Azza Turki (29 ans) journaliste aux pôles Maghreb et actualité internationale pour l’hebdomadaire Réalités- C'était l'anarchie, à l'image du pays. Chose inhabituelle, nous avons tenu notre réunion de rédaction le samedi (de la semaine qui a suivi le départ de Ben Ali) et nous avons bouclé mercredi. Les informations étaient trop éphémères, le couvre-feu, l'État d'urgence et le climat d'insécurité n'aidant pas. Nous étions à l'affût de la moindre information. Concrètement, seules les télévisions, les radios et les sites en ligne pouvaient suivre et relayer l'information instantanément. Même les quotidiens ne pouvaient pas tenir le rythme. Et pour nous, un hebdomadaire, le contexte rendait difficile le recul nécessaire propre à l’analyse. Toute information était vouée à devenir obsolète au bout de quelques heures surtout avec les innombrables rumeurs qui circulaient.

 

Nonfiction.fr- Comment gériez-vous la "censure" avant les évènements qui ont bouleversé le pays ? Quel équilibre y avait-il entre ce que l'on pouvait dire et ce que l'on ne disait pas ?

 

Raouf Seddik- Comme beaucoup de mes collègues, je connaissais les lignes rouges à ne pas dépasser. A partir de là, il s’agissait d’écrire sur des thèmes où une marge de liberté existe. Occuper cette marge pleinement était une façon de maintenir un semblant d'autonomie. Personnellement, mes responsabilités en tant que coordinateur d’un supplément littéraire m’ont beaucoup servi.

 

Rezgui Aymen- Je vivais la censure au quotidien depuis mes premiers jours en tant que journaliste en 2006. C’était un combat permanent tant sur le plan journalistique quand j'essayais de couvrir des sujets sensibles et interdits aux journalistes tunisiens, que sur le plan technique, en cherchant par tous les moyens à contourner la censure Internet afin de faire parvenir l’information.

 

Khémais Khayati - Je cohabitais avec la censure et selon ma vieille expérience dans la presse arabe, je luttais continuellement contre le plafond… L’équilibre à trouver s’apparentait un peu à celui d’un funambule de l’information.

 

Hanene Zbiss- La censure faisait partie de notre travail. Il fallait faire avec et essayer de la contourner par tous les moyens. Il fallait toujours trouver comment dire les choses autrement ou y faire allusion. 

 

Azza Turki - Nous avons agi dans la minuscule marge de manœuvre qui existait. Mais il ne faut pas se leurrer. Nous étions indépendants, pas opposants (en parlant de Réalités). Nous étions soumis aux mêmes impératifs (parler des activités  du Président et des membres de sa famille). Notre indépendance résidait dans notre capacité à parler du peu (et c'est relatif) de sujets qui restait.

 
 

Nonfiction.fr- Avez-vous été victimes de pressions durant le régime Ben Ali, quelles formes celles-ci prenaient-elles ?

 

Raouf Seddik- Je n’ai pas subi de pressions directes, mais j’ai été privé de certains privilèges parce que je n’étais pas assez coopératif.

 

Rezgui Aymen- Vu que j’étais actif au sein de l’Union Générale des étudiants tunisiens, ce qui ne plaisait pas du tout au pouvoir, j’ai été victime de pressions dès mes années à l’université. Ces persécutions prenaient la forme de violences physiques, d'arrestations et souvent des menaces verbales quotidiennes. Quand j’ai commencé mon activité journalistique en 2006 avec la chaine satellitaire Al-Hiwar Ettounsi, non reconnue par l’état et qui diffusait via une chaine italienne de gauche, Arcoiris TV, ces persécutions se sont amplifiées et ont pris parfois des formes différentes. Mon téléphone était continuellement sur écoute. A chaque fois que je sortais pour filmer dans la rue, j’étais exposé à subir des violences physiques. Je me faisais tabasser et je voyais mon matériel souvent confisqué.

 

Khémais Khayati- Des articles ont été censurés même dans les journaux d’opposition… J’ai même été "coincé" pour faire partie de l’Appel des 65 demandant que Ben Ali se représente en 2014…

 

Hanene Zbiss- Il fallait faire profil bas et montrer tout le temps son adhésion au régime, dans toutes les fêtes officielles par exemple. Pour ce qui était de la famille de Ben Ali, on était obligé de couvrir toutes les manifestations organisées par eux, sans pouvoir émettre la moindre critique.

 

Nonfiction.fr- Quel regard  portiez-vous en tant que journaliste sur cette profession durant ces années?

 

Raouf Seddik- J’ai toujours pensé que ce métier gardait tout son sens, en initiant nos concitoyens à une approche critique de la responsabilité politique, y compris quand on feignait de" saluer" les actions du pouvoir en place : car il y a différentes manières de le faire. Et je suis persuadé que les journalistes tunisiens ont joué un rôle de préparation des esprits qui a été assez déterminant dans le déclenchement de l’insurrection et, surtout, dans le soutien dont celle-ci a bénéficié ensuite de la part de tous les Tunisiens instruits.

 

Rezgui Aymen- J’ai toujours rêvé d’être journaliste.  J’ai choisi ce métier en raison de mes convictions en tant que militant pour les droits et la justice dans un pays qui ne reconnaissait pas le droit d’expression.

 

Khémais Khayati- C’était selon moi, un travail d’Hercule jonglé à celui de Sisyphe qui débouchait sur une sorte de "contrebande" de l’information.

 

Hanene Zbiss- J'ai été tiraillée entre l'amour du métier et la pression de la censure. J'étais tout le temps frustrée et à plusieurs reprises, j'ai pensé changer de profession. Heureusement pour moi, je travaille dans la rubrique culturelle où il y avait un peu moins de pression.

 

Azza Turki -J’étais en colère contre le système et contre la profession en général pour avoir accepté d’intérioriser la censure. C'est à mon sens le plus grave et ce dont il faudra se défaire en priorité. Cela risque d'être très difficile.

 

 

Nonfiction.fr- Pensez-vous que cette révolte aura des effets sur le lectorat ? On parle beaucoup de l'impact des réseaux sociaux qui ont soutenu le mouvement révolutionnaire en Tunisie mais la nouvelle liberté de la presse ne peut-elle pas contribuer à rétablir un climat de confiance dans les médias traditionnels comme la presse papier ou la télévision ?

 

Raouf Seddik- Si les médias traditionnels parviennent à offrir à leur public des informations fiables et des articles de qualité, qui donnent du sens aux événements et qui éclairent les esprits sur ce qui se passe dans le pays et dans le monde, alors leur avenir est sauf.

 

Rezgui Aymen- Sous le régime de Ben Ali, toute confiance était perdue vis-à-vis des médias en Tunisie, en dehors de quelques journaux d’opposition souvent censurés ou introuvables dans les kiosques. C’est ce qui a amené les tunisiens à rechercher l’information sur les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Mais depuis quelques jours, les gens ne lisent plus les pages sportives uniquement, mais ils découvrent une nouvelle presse, libérée par la révolte du peuple.

 

Khémais Khayati- La presse papier était dans un état lamentable parce qu’elle avait été domestiqué par l’ATCE   et ne vivait que sur de la pub institutionnelle… 

 

Hanene Zbiss- Certainement, maintenant que la presse est devenue libre et qu'on peut parler de tout, je pense que les gens reprendront confiance dans le journalisme, achèteront les journaux et regarderont leurs chaînes de télé nationales.

 

Azza Turki- Pour ma part, je ne crois pas à un revirement du lectorat. Les lecteurs ne sont pas dupes. Il y a une donne avant et après la révolte qui n'a pas changé. C'est l'absence de confiance du Tunisien dans ses médias. C'est à nous de reconstruire cela. 

 

Nonfiction.fr- Avez-vous utilisé les réseaux sociaux pendant les évènements ? Comment faisiez-vous le tri parmi toutes les informations qui se déversaient sur Facebook et Twitter ?

 

Raouf Seddik- L’utilisation des réseaux sociaux est désormais inévitable, mais elle exige de la prudence : plus il y a de recoupements, plus l’information devient sérieuse et appelle une démarche positive de vérification, éventuellement auprès des instances officielles.

 

Rezgui Aymen- Facebook a été utile dans l’upload, le partage des vidéos, l’organisation des manifestations, les flash mob et autres évènements, mais aussi dans les discussions de groupes et les campagnes de sensibilisation. Par rapport à la crédibilité de l’information, je vérifiais les informations à la source grâce à mon réseau de relations avec des syndicalistes et des activistes de la scène politique et de la société civile.

 

Khémais Khayati- Je n’utilise Facebook que comme complément d’information si possible et surtout pour lire les articles de la presse étrangère, arabe et francophone, que mes" amis" postent sur leur wall…Le réseau social me servait aussi à faire passer mes articles en soulignant ceux qui avaient été censurés…

 

Azza Turki- Il était très difficile, si ce n'est impossible, de hiérarchiser les informations qui nous parvenaient au début des évènements. Mais dans cette période trouble, la vérification de l'information n'était pas notre priorité. Dans les moments les plus critiques, nous avons échangé les informations sans les vérifier. Alors que cela devrait être la première des choses à faire. L'information était éphémère et non fiable. Mais les réseaux sociaux ont été déterminants. Certaines vidéos ne mentent pas. Elles nous ont permis de mesurer l'ampleur de ce mouvement. Ensuite, les réseaux sociaux ont permis de construire un lien de solidarité surtout lors des premiers jours marqués par l'insécurité

 

Nonfiction.fr- Que pensez-vous du regard des médias étrangers sur les évènements ?

 

Raouf Seddik- J’ai suivi le soulèvement à travers les médias français, que j’ai trouvés assez souvent "à côté de la plaque" à l’exception du journal Le Monde, et beaucoup plus préoccupés de revenir à des affaires franco-françaises comme les déclarations des politiques français par exemple. J’ai aussi regardé la chaîne de télévision Al Jazeera, qui a couvert de très près les événements de façon particulièrement professionnelle, mais qui les a aussi accompagnés, poussés dans le sens de la révolte. On soupçonne cependant cette chaîne de travailler discrètement en faveur d’un retour des partis religieux au sein de la vie politique tunisienne.

 

Rezgui Aymen- Al Jazeera a joué un rôle primordial en cassant le blocage médiatique voulu par les autorités tunisiennes au cours de ces évènements. Mais aujourd’hui il semble qu’elle tente une manipulation en braquant ses caméras sur les symboles des mouvements politiques à orientation islamiste en Tunisie, et qu’elle omet presque totalement les forces progressistes du pays.

 

Hanene Zbiss- J’ai regardé surtout la presse écrite française qui a soutenu le mouvement en le relayant constamment quand les politiques ont refusé de le faire. Je trouve qu'il y a eu une bonne couverture de la révolte et des analyses intéressantes. Côté télé, nous avons beaucoup suivi Al Jazeera, France 24 et Al Arabiya. Ils nous ont fourni des informations en continu et des reportages de qualité. Sauf qu’il semble qu’Al Jazeera tienne aujourd’hui un rôle ambigu en voulant promouvoir le courant islamiste dans le pays et en ouvrant ses tribunes à ses leaders. C'est regrettable ! Elle commence à perdre de sa crédibilité auprès de beaucoup de Tunisiens.

 

Azza Turki- J'ai suivi ce qui a été écrit notamment dans Le Monde et Libération. Je crois que, mis à part ces deux quotidiens, tous les médias ont été dépassés par l'ampleur et la rapidité du mouvement. 

 
 

 Nonfiction.fr- Que symbolise aujourd'hui pour vous ce soulèvement du peuple tunisien ?

 

Raouf Seddik- L’attachement au principe de la dignité de chacun d'entre nous.

 

Rezgui Aymen- C’est la conséquence naturelle d'une dizaine d’années de répression sans relâche, et d'une atteinte aux droits élémentaires du peuple par l’état policier. Beaucoup de Tunisiens ont toujours milité et combattu ce régime dictateur, mais ils restaient minoritaires en raison de la peur qui liait les gens. Il était très difficile de communiquer nos idées à nos concitoyens. Finalement, le peuple s’est libéré par une prise de conscience générale et un ras-le-bol total, mais je reste persuadé que ce travail mené par les opposants au pouvoir durant les années passées y est un peu pour quelque chose.

 

Khémais Khayati- Pourvu que ça dure sans déboucher sur le chaos ou le coup d’Etat militaire… Il faut respecter les institutions et éviter la chasse aux sorcières… Durant la guerre, il y a peu de combattants. Après la guerre, il y a beaucoup d’anciens combattants…

 

Hanene Zbiss- L'aboutissement d'une forte volonté du peuple qui depuis des années souffrait de la répression, de la corruption et de l'injustice dans tous les domaines. On s'inquiétait beaucoup pour notre avenir sous un régime autoritaire et une famille mafieuse qui étendait ses tentacules comme une pieuvre à tous les secteurs clé dans le pays.

 

Azza Turki- C'est paradoxal. Le ras-le-bol et la désespérance ont engendré une soif de liberté à travers toutes les couches sociales, même les plus aisées.

 

 Nonfiction.fr- Comment voyez-vous la suite des évènements ? Comment faîtes-vous actuellement pour travailler et récupérer les informations nécessaires ?

 

Raouf Seddik- La suite des événements est encore difficile à discerner : je souhaite que le débat, désormais très ouvert, prenne une tournure qui nous éloigne de la sophistique et de la mauvaise foi de tous ceux qui n’ont pas d’autre arme pour s’inviter sur la scène publique. Et que le bien du pays, la dignité des Tunisiens, restent le plus important.

 

Khémais Khayati- On navigue à vue d’œil car l’instabilité sécuritaire a laissé place à un vide institutionnel difficile à combler. Le Tunisien moyen, s’il a un sens civique, manque selon moi d’une culture politique… Quant aux informations, on est toujours en train de les glaner comme on peut…

 

Hanene Zbiss- J’espère un retour au calme rapide et qu'on laissera le gouvernement provisoire faire son travail et préparer les élections. Certains pensent autrement et continuent à manifester. Ma peur principale est que cela nous mène vers le chaos. Nous sommes dans une période d'incertitude. Pour les informations, on contacte nos sources, on lit la presse internationale, on suit les chaines de télé et les réseaux sociaux et on va vérifier sur terrain.

 

Azza Turki- Pour l’instant, ma vision sur l’avenir est de l'ordre du très court terme. Nous travaillons encore à la minute près face aux retournements de situation quotidiens.

 

Nonfiction.fr- Quel vous semble être votre rôle aujourd'hui en tant que journaliste et en même temps acteur de la révolution tunisienne ? 

 

Raouf Seddik- Mon rôle est de favoriser une évolution qui aille dans le sens des Tunisiens.

 

Rezgui Aymen- Continuer à militer aux cotés du peuple, faire parvenir l’information le plus fidèlement possible et combattre toutes les formes de manipulation médiatique. La presse libre et transparente est le garant du salut de la révolution et d’une société  juste.

 

Khémais Khayati- Je me considère plus comme un observateur qu'un acteur du soulèvement. Si je peux y participer c’est en pratiquant mon métier le mieux que je puise faire… Le rôle du journaliste en Tunisie actuellement ne diffère pas de celui d’un autre journaliste où que ce soit dans le monde : faire son travail en respectant les exigences de la déontologie.

 

Hanene Zbiss- Dire la vérité, refléter les aspirations du peuple et avoir un oeil critique et vigilant sur ce qui se passe pour prévenir les débordements.

 

Azza Turki- Veiller sur les acquis encore fragiles de cette révolution et faire notre métier de journaliste : informer

 
NB : Ces propos ont été recueillis via des interviews par mail avec les personnes concernées, qui ont été soumises aux mêmes questions, pendant les semaines qui ont suivi la chute du régime Ben Ali.