L’observatoire social territorial de la Mutuelle Nationale Territoriale (MNT) vient de produire un sondage instructif. L’enquête, effectuée selon la méthode des quotas auprès d’un échantillon représentatif de 740 agents employés d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) sur le thème de "l’intercommunalité vécue par ceux qui y travaillent", dévoile que les agents communautaires sont heureux et fiers de travailler dans ces structures qui fédèrent les communes sans aliéner leur autonomie (communautés de communes, d’agglomération, urbaines…).

 

A la question "Avez-vous le sentiment que le développement de l’intercommunalité est un progrès", les agents répondent "oui" à 71,3% ("non" à 8,9%) ; pour ces 71,3%, le progrès résulte avant tout de la mutualisation des moyens/équipements (15,7%), de l’augmentation des services à la population (13,9%), de la mutualisation des compétences (12,5%), de la réduction des coûts (6,6%) ou encore du développement des petites communes grâce à l’action intercommunale (6,1%). A la question "Dans votre métier d’agent territorial de l’intercommunalité qu’est-ce qui vous plaît le plus ?", ils sont 78% à répondre "être au service des usagers du service public".

 

Pour aller au-delà des chiffres de cette enquête quantitative et tenter une analyse, il faut comprendre que les structures intercommunales sont en équilibre instable. Elles qui pourraient facilement apparaître comme des pieuvres obscures et technocratiques sont, en général, la locomotive des territoires, surtout ruraux, à condition que s’installent, d’un côté, un climat de confiance entre élus et agents, de l’autre, un partenariat de qualité avec les communes membres. A cet égard, la transparence dans les échanges entre les multiples acteurs est primordiale, de même que le respect de la subsidiarité. En effet, les maires, au plus près du terrain, savent ce qui est bon pour leur commune en matière de développement économique, de tourisme, d’assainissement ou de gestion de la ressource en eau potable, autant de compétences souvent portées par les EPCI. Au total, on doit admettre que l’intercommunalité apporte une nette plus-value aux territoires par son effet de levier : grâce aux économies d’échelle réalisées, le haut niveau de service public rendu possible par l’action intercommunale est supérieur à la somme des intérêts des communes membres de l’EPCI. 

 

Dans cet environnement administrativo-politique complexe, les agents communautaires doivent faire preuve, d’une part, de créativité et d’imagination, d’autre part, de loyauté envers les élus. La créativité dans l’élaboration des projets est une qualité qu’ils peuvent aisément développer en étant moins soumis à l’agenda politique de court terme, car les demandes de la population (usagers, administrés, électeurs, contribuables) pèsent moins sur l’élu communautaire que sur l’élu municipal. La loyauté est indispensable parce que les élus communautaires, disponibles pour arbitrer, sont généralement moins présents que ceux d’une municipalité, ce qui confère aux agents des marges de manœuvre supplémentaires et, pour tout dire, plus de responsabilités. Ajoutons que, dans le cadre d’un transfert de personnels, les agents municipaux perçoivent positivement le fait d’être affecté à l’intercommunalité du secteur. S’il s’agit pour eux d’une promotion, c’est qu’on leur permet ainsi de travailler pour l’échelon disposant des compétences stratégiques. D’un point de vue personnel, ils peuvent développer des compétences plus pointues – typiquement, la secrétaire de mairie devenue chef du service communautaire "aides à domicile" ou "petite enfance" se spécialise

 
 

* Intercommunalités, le mensuel de l’Adcf, n°152, janvier 2011.