Les diplomates du climat se sont quittés le 12 décembre à Cancun bronzés et enthousiastes. Sous la houlette conciliatrice de la ministre des affaires étrangères mexicaine, Patricia Espinosa Cantellano, le cadre onusien des négociations climatiques, paralysé l’année dernière par le vent climato-sceptique qui soufflait sur Copenhague, a été sauvé.

 

N’en déplaise à la délégation bolivienne, qui s’est distinguée en refusant de signer le texte final voté à l’unanimité, la confiance est de retour et les grandes orientations de l’accord avorté de Copenhague font désormais partie du socle de la coopération internationale future en matière de climat.  

 

Les trois mesures phares de l’accord : 

 

- La création d’un "fonds vert" abondé par les pays riches et dédié au financement de projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation aux effets du changement climatique dans les pays les plus pauvres. L’objectif  de cet intermédiaire financier est de parvenir à mobiliser  en régime de croisière 100 milliards de US$ par an. 

- Un accord sur les bases d’un système de mesure et de contrôle des efforts de réduction d’émissions réalisés. Il n’est pas encore question de réductions obligatoires pour les grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil) qui dans le régime de Kyoto n’étaient soumis à aucune contrainte de réduction, à la différence des pays industrialisés (dit de l’annexe B). Mais signe d’une volonté de compromis, le contrôle des réductions volontairement réalisées par les pays émergents est désormais accepté s’il n’implique toutefois aucune sanction en cas de défaillance.

- Un mécanisme de lutte contre la déforestation et de réduction des émissions liées à l’usage des sols (responsable de plus de 20% des émissions de CO2) qui jusque là était absent du protocole de Kyoto. 

Ainsi Cancun est indéniablement un succès pour les Nations Unies. Le bilan pour le climat est lui plus nuancé. Certes la cible ambitieuse de limitation de la hausse de la température moyenne du globe à 2°C a été ré-approuvée. Mais reste en suspens la définition des moyens concrets qui permettront d’atteindre la cible : (i) l’origine des financements pour abonder le fonds vert (taxe sur le transport aérien ? sur certaines transactions financières ? taxe carbone ?), (ii) la garantie de la crédibilité de la coopération internationale en matière de réductions des émissions en l’absence d’un accord contraignant. 

En somme, pour avoir une idée plus précise du successeur de Kyoto, rendez-vous à Durban 2011 !