Il est loin le temps où 007, le fameux espion de sa Majesté, pouvait se prélasser sur un radeau de fortune – ingénieusement dissimulé dans sa chaussure tout au long du film – en compagnie d’une exquise créature, après avoir une fois de plus sauvé le monde du machiavélique Blofeld. Loin aussi le temps où le directeur du MI6, l'impassible "M", et le génial inventeur de gadgets, alias "Q", l’accueillaient la mine un peu médusé – ce qui n’a rien d’anormal vu qu’ils recueillent un radeau – mais sourire aux lèvres, et l’air de dire "What an irredeemable charmer !"   . Non de nos jours les espions britanniques sont tenus d’observer une éthique irréprochable, comme le révèle aujourd’hui le quotidien The Guardian.

Ainsi, lorsqu’au nom de sa Majesté, un officier de police infiltre une bande de "dangereux" activistes environnementaux, il lui est désormais formellement interdit d’entretenir des relations sexuelles avec une ou plusieurs de ses cibles. C’est pourtant ce que quatre officiers du Metropolitan Police Service   se sont risqués à faire, allant même pour l’un d’entre eux jusqu’à se marier avec ladite cible.

Le coupable : Jim Boyling, alias Jim Sutton, a passé cinq années de 2000 à 2005 parmi les activistes du collectif Reclaim The Streets    . Alors qu’il devenait un organisateur-clé des manifestations spectaculaires du collectif   , l’espion Boyling s’amouracha d’une activiste de 28 ans   , qu’il quitta bientôt pour ne la retrouver qu’un an plus tard et lui avouer son statut undercover. Sûrement excitée à l’idée de devenir un succédané de James Bond girl, la femme dupée décida malgré tout de se marier avec lui et ils eurent deux enfants   .

L’histoire aurait pu s’arrêter là, tel un véritable conte de fée à la sauce Ian Fleming. C’était cependant sans compter sur le fait qu’ils divorceraient en 2008 et que l’ex-Miss Boyling, alias Miss Sutton, alias Miss X – puisqu’elle a dû changer de nom sur les conseils avisés de son mari "dé-couvert" - raconterait toute son idylle au Guardian, avec en prime quelques détails croustillants :

1) C’est Jim Boyling lui-même qui a signé le certificat de changement de nom   de madame.

2) Aux yeux de ce dernier il est totalement "irréaliste" d’espérer qu’un agent sous-couverture ne développe pas de relations (comprenons, sexuelles) avec des activistes. C’est d’ailleurs selon lui un "outil nécessaire au maintien de la couverture".

3) Au moins un officier supérieur a été mis au courant de sa relation en 2005 aux alentours de la date du mariage.

4) Jim Boyling lui aurait révélé les noms d’"au moins deux autres officiers de police" engagés dans des missions d’espionnage   et il lui aurait fait part de vifs doutes quant au véritable métier de certains autres activistes politiques.

"Balancé" après avoir lui-même trahi ses camarades de la National Public Order Intelligence Unit, Jim Boyling n’est pas le seul à s’être trop longuement répandu sur sa vie secrète. En effet, Mark Kennedy, un autre agent sous-couverture – qui se cache apparemment aux Etats-Unis – a quant à lui décidé de se livrer dans une interview au Mail on Sunday   . Recherché tant par ses employeurs que par ses anciens "camarades" activistes, Mark Kennedy, qui a entretenu au moins deux relations avec des activistes, serait proche de la dépression, ne dormant plus et se barricadant chez lui.

Décidément, le retour de "Mister Bond" se fait cruellement attendre !