Pour Arnaud Montebourg, "un candidat à l’élection présidentielle doit pouvoir montrer le chemin et l’horizon" à ses ouailles. C'est ainsi que ce bourguignon d'origine et de coeur s’est déclaré candidat "très tôt", "pour avoir le temps de faire passer [ses] idées".

 

 

 

Invité à la Cité des Livres, lundi 10 janvier dernier, Arnaud Montebourg a été accueilli par une salle comble et attentive à ses idées, justement. Si les différents protagonistes et modérateurs du débat, Julia Cagé   , Frédéric Martel   , et Nicolas Vignolles   ont surtout orienté leurs questions autour des thématiques abordées dans son dernier livre, Des idées et des rêves, les nombreux participants n’ont pas manqué d’interroger le député de la sixième circonscription de Saône-et-Loire sur ses ambitions présidentielles et sa vision de la société française.

 

 

D’abord interrogé sur sa filiation politique avec François Mitterrand, dernier socialiste à avoir occupé la fonction présidentielle et personnalité à l’endroit de laquelle il devient urgent de pouvoir raconter une anecdote en ces temps de déclaration à l’investiture socialiste, il a reconnu ne pas l’avoir rencontré bien qu’étant né dans sa circonscription de la Nièvre. Accusant, au passage, le "scandale permanent" du sarkozysme de pervertir la politique, il a rappelé que si l’inventaire des erreurs mitterrandiennes avait été fait, il restait à faire le bilan du gouvernement de Lionel Jospin ; Jospin qui "en ne pensant pas la responsabilité démocratique, n’a pas mesuré à quel point les évolutions [qui se dessinèrent de 1997 à 2002] pouvaient être néfastes".

 

 

Arnaud Montebourg s’est déclaré en faveur d’une ré-appréciation du temps long ; véritable leitmotiv de l’opinion commune actuellement, cette temporalité généreuse s’inscrirait en faux contre la logique envahissante de l’urgence et permettrait l’émergence d’idées neuves et fécondes. On subodore donc qu’Arnaud Montebourg en a pris, du temps, pour écrire son livre, car il est truffé de néologismes   , malgré le fait que, comme l’a indiqué Nicolas Vignolles, de nouveaux mots ne sont pas toujours synonymes de nouvelles idées. Qu’est-ce en effet qu’une néoindustrialisation, sinon (simplement) une ré-industrialisation ?   

 

 

Interrogé par la très dubitative Julia Cagé sur la viabilité du modèle économique qu’il défend, le capitalisme coopératif, il a avancé le chiffre de 2 millions de salariés travaillant actuellement en France dans le domaine coopératif et a fait un véritable plaidoyer en faveur du développement de la micro-économie dans les collectivité territoriales, notamment dans les régions les plus déshéritées ; et ce, en accord avec sa vision décentralisatrice de l’Etat français. Il s’est par ailleurs prononcé pour l’indexation des salaires sur les hausses de productivité d’une entreprise (laissant cependant de côté la question de leur indexation en cas de baisse de la productivité), et pour que les rémunérations des dirigeants de grandes entreprises soient quant à elles indexées sur le développement que ces derniers auront su impulser à l’entreprise.

 

 

Socialement, Arnaud Montebourg s’est prononcé en faveur de l’euthanasie – amendant de fait ses anciennes opinions "judéo-christianisées" sur la question. Il est aussi pour le mariage et l’adoption des/par les couples homosexuels. Il a affirmé, à ce propos, qu’en tant que président de conseil général, il donnerait son agrément à un couple homosexuel désirant adopter un enfant.  Et, d’un point de vue stratégique et géopolitique, il a prôné une approche criminaliste de la question terroriste   et s’est déclaré pour un retrait des troupes françaises présentes en Afghanistan, sans avancer pour autant de calendrier.