"L'emmerdeur" titrait le magazine les Inrockuptibles la semaine dernière sur une photo étrangement présidentielle de Jean-luc Mélenchon. Si "emmerdeur" il est pour certains par ses provocations et son franc-parler assumés, il apparaît comme un candidat de plus en plus sérieux aux élections présidentielles. Le congrès du Parti de Gauche qui s’est tenu au Mans ce week-end a confirmé son assise dans le paysage de la gauche. Le rassemblement du parti qui regroupe aujourd’hui près de 7000 adhérents était aussi l’occasion pour le Front de Gauche de s’unir aux autres partis comme le Parti communiste français (PCF).

Le congrès a permis de définir la ligne politique du Parti de Gauche, et la nature de ses relations avec le PCF depuis leur lutte commune contre la réforme des retraites. Samedi, plusieurs amendements ont été approuvés lors des débats. Le premier impératif était de sortir du traité de Lisbonne, porteur selon les partis de gauches de toutes les politiques libérales. L’autre point fort de la réunion reposait sur la volonté de se démarquer définitivement du Parti socialiste qui d’après Mélenchon "n’est pas ouvert au débat et rejette toutes les questions importantes comme la sortie de la France de l’Afghanistan ou les questions européennes". Le but est donc de refonder l’unité à gauche autour du Parti de Gauche, du PCF et de la Gauche unitaire.

Critiqué depuis peu pour ses tendances populistes affirmées   , Mélenchon semble avoir gagné en légitimité suite à ce congrès. Il a exprimé sa volonté de "s’élargir" et "d’unifier" tous les partis. Il a d’ailleurs insisté sur une "mixité des fonctions" qui serait illustré par une "co-présidente" en l'occurence Martine Billard (ex-députée des Verts). Le secrétaire général du PCF, Pierre Laurent, a confirmé une candidature commune pour 2012, et Mélenchon souhaite l’investiture dès le printemps. Malgré ses harangues à la foule "Je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas",  le candidat très faulknérien qui revendique une "révolte citoyenne" a admis le travail de fond que son parti doit encore accomplir pour asseoir sa crédibilité politique en 2012. "Nous avons conscience d’être une construction politique encore très récente et très fragile" a-t-il déclaré le 20 novembre dans un entretien à Jean-Pierre Piero, journaliste à l’Humanité. Le Parti de Gauche qui existe depuis seulement deux ans doit encore trouver sa ligne de campagne pour se "faire entendre". Une motion d’orientation qui trace les grandes lignes directrices pour 2012 a été voté et sera prochainement publié sur le site du parti