Toute personne désireuse de comprendre le fonctionnement et l’utilité des think tanks en Chine devrait avoir lu le long – et très fouillé - article de Thierry Kellner et Thomas Bondiguel, paru en juin dernier sur Diploweb. Si tel n’était pas le cas, l’on pourra toujours en apprécier ici les lignes directrices.

 

En introduction de leur étude, les chercheurs du Brussels Institute of Contemporary China Studies commence - comme souvent dans les études consacrées à la Chine - par rappeler une trait spécifique de la culture chinoise : l’intrication du "guanxi" (le réseau de relations personnelles) et du "mianzi" (la face) et leur influence conjointe sur les processus décisionnels des experts du pays. A ce titre, on ne saurait mésestimer l’influence de la "face", du "se donner la face" dans les échanges entre agents politiques et intellectuels de la République Populaire de Chine, puis par extension avec leurs interlocuteurs étrangers.

Cela posé, l’article découpé en trois grands moments (histoire, typologie, illustration) entend montrer l’ampleur et la radicalité des transformations, imprimées par les think tanks, sur la politique étrangère chinoise contemporaine. A travers un premier examen historique de leur genèse, les auteurs constatent une certaine préfiguration des think tanks actuels dès la toute fin du XIXe siècle avec l’apparition de "sociétés d’études" (Xuehui). Symboles d’une modernité en devenir, ces Xuehui gagneront en nombre et en influence tout au long du XXe siècle, notamment après la révolution culturelle (1966-1976).

Une typologie relativement exhaustive vient ensuite compléter cette recension historique, somme toute, très descriptive. Les think tanks chinois y sont d’abord présentés dans leur différence avec leurs homologues occidentaux (indépendance marginale, faible diversité d’opinions politiques et sociales, mais grande influence politique grâce à leur proximité avec le Parti Communiste Chinois), puis selon une classification institutionnelle de Liao Xuanli (les "gouvernementaux", les "académiques" et ceux "liés aux universités"), et, plus récemment de Zhu Xufeng et Xue Lan (les "semi-officiels" et les "civils").

La dernière partie de l’étude est consacrée au "Département de la planification politique" (DPP) et aux relations des think tanks avec le pouvoir politique et les médias. Organe rattaché au Ministère des Affaires étrangères, le DPP a vu son pouvoir augmenter depuis la requalification de son rôle (des simples "recherches politiques", à la planification proprement dite).

 

Un article à lire absolument !

 

*Sources : Thierry Kellner, Thomas Bondiguel, "Chine : l’impact des think tanks chinois spécialisés en relations internationales sur la politique étrangère de Pékin", Diploweb, 09/06/2010