Vendredi 8 octobre, c’est à l’opposant au régime Liu Xiaobo, pour son combat en faveur des libertés fondamentales en Chine, que le prix Nobel de la paix 2010 a été décerné.  La remise de la récompense à un dissident chinois met à nouveau en lumière le mépris des Droits de l’Homme dans le pays et suscite la colère de Pékin. 

Arrêté en décembre 2008 pour "incitation à la subversion de l’Etat " après avoir participé à la rédaction et à la diffusion de la Charte 08   , Liu Xiaobo, universitaire de 55 ans, a été condamné un an plus tard lors d’un procès expéditif, à purger une peine de onze ans de prison. Bien qu’ayant bénéficié de nombreux soutiens internationaux – notamment l’Organisation des Nations Unies, l’Union Européenne et les Etats-Unis – depuis sa condamnation, Liu Xiaobo n’a pu jusqu’alors bénéficier d’une quelconque clémence de la part du gouvernement chinois. La décision du Comité Nobel de récompenser ce fervent militant pour "ses efforts durables et non violents en faveur des Droits de l'Homme en Chine" accroît à nouveau la pression sur Pékin pour sa libération, ainsi que pour celle de l’ensemble de ses prisonniers politiques.

Pourtant, le gouvernement chinois semble loin d’être embarrassé par cet hommage international au combat de Liu Xiaobo, et multiplie les critiques : d’abord envers le Comité Nobel et le gouvernement norvégien– qu’il menace de représailles diplomatiques –, mais aussi envers l’ensemble des nations occidentales, accusées d’ingérence dans le système judiciaire chinois. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ma Zhaoxu, "donner le prix Nobel de la paix à un criminel qui purge une peine de prison traduit un manque de respect pour le système judiciaire de la Chine"  

Depuis l’attribution du prix Nobel, l’ensemble des médias chinois fait acte de censure en ne relayant pas l’information. Quant aux rares militants ralliés à la cause de Liu Xiaobo, informés notamment par le biais de Twitter, ils ont été interpellés par les autorités chinoises. La  femme même du dissident  est  assignée à résidence depuis que le Comité a décidé de récompenser le combat mené par son mari