Mercredi 6 octobre, la Cité des Livres a accueilli Alain Touraine, venu  débattre autour de son dernier livre, Après la crise (Seuil). 

Les deux animateurs, Frédéric Martel   et Amin Perez   , ont aiguillé le débat devant un public curieux et attentif durant lequel le sociologue français, spécialiste de l’action sociale et des nouveaux mouvements sociaux, est revenu sur les conséquences mondiales de la crise économique et sur la nécessité de refonder un avenir social centré sur les intérêts des populations. 

Pour Alain Touraine, la rupture consommée entre l’économie globalisée et l’économie réelle des Etats a eu pour conséquence première le délaissement progressif des intérêts sociaux par les gouvernements, et particulièrement en Occident. L’économie mondialisée et spéculative est aujourd’hui totalement détachée des problèmes sociaux rencontrés par les nations européennes.  Aussi, il serait primordial de redonner une place prédominante au " sujet " dans la constitution des nouveaux acteurs sociaux, qui eux seuls ont la capacité de réformer un système mondial qui s’est effondré de lui-même. Il manque en Europe, selon Alain Touraine, un vaste mouvement social, lui aussi globalisé, à l’image de MoveOn.org   aux Etats-Unis, pour mener ce qu’il nomme une " guerre des droits ", dont le politique serait le principal moteur : " le lieu stratégique est aujourd’hui celui du politique ". La revalorisation des notions de justice et de droits, qui se doivent être universalistes, est donc le principal enjeu dans l’ère " post-sociale "   dans laquelle nous sommes.

Le débat s’est ensuite orienté sur les problématiques en jeu pour les Présidentielles de 2012. Pour le sociologue, " on ne peut avoir une stratégie politique en France que si elle est centrée autour des problèmes du travail ". C’est ce sujet qu’il faudrait placer dès aujourd’hui au cœur des débats et non le thème de la sécurité choisi par le gouvernement. Refusant catégoriquement le rapprochement facile entre immigration et délinquance suggéré par la politique gouvernementale, Alain Touraine conseille ainsi à la gauche de refuser ce débat dans lors de la campagne pour l’élection présidentielle. 

Tandis que le débat s’achevait, le public est revenu sur la question de " l’après-crise " qu’Alain Touraine aborde longuement dans son dernier ouvrage : c’est en redonnant une place essentielle aux acteurs sociaux – et notamment aux syndicats – qu’un nouvel avenir social, fondé sur des droits à dimension universelle, est possible