Si on observe aujourd’hui les programmes des chaînes de télévision, on remarque l’omniprésence des séries, françaises ou américaines. La multiplication des chaînes avec la TNT ou le numérique n’a fait qu’augmenter ce phénomène. Que révèle-t-il sur notre société et notre culture contemporaines ? Que peuvent nous enseigner les séries sur notre fonctionnement ? C’est à cette question que Delphine Dubs cherche à répondre dans un dossier publié sur Implications philosophiques   dans le cadre de "l’été des séries" : "Comment comprendre ce succès ou cet emballement autour des séries ? Ou poser autrement pourquoi sommes-nous addict ? On pourrait penser qu’il s’agit d’une question qui devrait être laissée aux sociologues, et ne surtout pas faire son entrée en philosophie. Pourtant elle ne manque pas d’intérêt, si on prend la peine de voir les séries télévisées (ou la télévision de manière générale) de manière (plus) sérieuse. C’est ce à quoi nous nous attellerons dans les prochaines semaines".

 

Les séries télévisées, qui se prolongent en général avec plusieurs saisons d’une dizaine ou une vingtaine d’épisodes, permettent le développement des personnages, de leurs caractères et des différents thèmes abordés par les séries ; c’est dans ce sens qu’elles peuvent être étudiées d’un point de vue philosophique : "en un sens, la plupart des séries – même les plus mineures ou fantasques –  peuvent avoir une portée et une pertinence philosophique […]. Qu’elles soient existentielles ou morales, ces questions que se posent les personnages, nous nous les posons souvent, ou nous devrions parfois nous les poser…". Les téléspectateurs s’identifient aux personnages ou critiquent, attendent avec impatience de savoir ce qui va arriver à tel ou tel personnage dans l’épisode suivant. Les professions, activités ou réactions des héros de ces séries entraînent également des débats dans le monde "réel" ; ainsi, la série 24 a soulevé un débat sur la torture comme moyen d’obtenir des renseignements. Si certaines séries restent définitivement inintéressantes d’un point de vue philosophique ou sociologique, d’autres gagnent réellement à être étudiées. Delphine Dubs présente en particulier la chaîne américaine HBO dont les productions comme The Wire, Sex and the city, The Sopranos ou Six feet under sont en général louées pour leur qualité : "ce sont dans les séries estampillées HBO que les personnages ont commencé à parler de manière familière ou du moins sans aucun tabou. Provocations manifestes et revendications implicites auraient pu être leur mot d’ordre".

 

Après son texte de présentation, Delphine Dubs a consacré trois articles à l’étude de la série "The Big Bang Theory" et à "la question de l’entente", et deux articles sur le "temps de la sérialité". Ces analyses montrent à quel point les séries télévisées peuvent être "intellectualisées" et étudiées dans une approche politique, sociologique ou philosophique : "Il y a bien quelque chose à apprendre des séries, de ce miroir pas toujours déformant de notre quotidien, ou même plus largement de la vie"

 

* Delphine Dubs, "Ce que les séries nous apprennent...", Implications philosophiques, 13 juillet.