On les connaissait déjà chantant les consternantes mièvreries diffusées sur Internet à l’hiver dernier, mais il arrive aussi que les jeunes de l’UMP, lorsqu’ils se réunissent, fassent de la politique. Dans le cadre d’une nouvelle série d’articles sur les jeunes et les idées, Nonfiction.fr s’est intéressé au Collectif France à venir.

Chez les jeunes UMP, on n’est pas ambitieux pour un sou et on sait se faire remarquer. C’est ainsi qu’en octobre 2009, le Collectif France à venir est né de l’initiative de trois jeunes militants de l’UMP, déjà bien connus de certains cabinets ministériels, et qui ont manifesté leur grande faim de politique pour se mettre "au service de la majorité, du gouvernement et du Président de la République". Leur appel ne passe pas inaperçu et très vite, ils reçoivent une réponse du ministre Eric Besson - qui, décidément, saisit toutes les opportunités. Celui-ci, qui cumule ses fonctions ministérielles avec celles de secrétaire général adjoint de l’UMP "en charge de l’avenir des Français", accepte de parrainer le Collectif en lui donnant très formellement pour mission de travailler à la création d’idées nouvelles avec une visée prospective. De manière assez étonnante, ce groupe de jeunes militants, qui ne sont d’ailleurs pas tous encartés, est assez distant des Jeunes UMP. S’il est vrai que le coordinateur du Collectif, Alexandre Brugère, est délégué national des Jeunes Populaires en charge de la communication et porte-parole national, le collectif France à venir et la succursale jeune de l’UMP restent plutôt éloignés. "Ce n’est pas le même travail, nous ne sommes pas en concurrence. Le projet aurait perdu de sa portée à l’intérieur des Jeunes Populaires", déclare Alexandre Brugère. Peut-être faut-il y voir la manifestation d’une des nombreuses divisions et turpitudes qui animent le fonctionnement interne des Jeunes UMP. Preuve de cette séparation, les deux structures ont proposé chacune séparément leurs propositions de réforme des retraites.

La culture du résultat… ça vaut aussi pour la production d’idées

Pour faire travailler ce petit monde efficacement, les 42 membres initiaux, ainsi que les 120 jeunes qui les ont rejoints depuis la création du collectif, ont été répartis en groupes de travail thématiques, en relation avec les équipes de l’UMP et des ministères. Avec ces 310 supporters, France à venir rassemble, selon son responsable, près de 460 jeunes de 18 à 30 ans, principalement originaires d’Ile-de-France et étudiants de grandes écoles. On trouve aussi parmi eux un ancien membre des Jeunes radicaux de gauche (si, si, ça existe). Pour mettre en commun leurs travaux, le collectif se réunit environ tous les deux mois autour d’Eric Besson (au lieu d’une fois par mois, comme le ministre s’y était engagé dans sa lettre de mission), en séance plénière et à huis-clos, réunion où chaque jeune a pour mission de présenter une idée nouvelle après l’avoir éprouvé auprès d’experts du sujet. Le ministre, hôte de ces réunions, évalue le travail des jeunes apprentis de la politique et leur propose des pistes d’amélioration.

Avec les idées déjà produites, France à venir a apporté sa contribution aux débats qui ont fait l’actualité de la politique gouvernementale ces derniers mois (grand emprunt, retraites et identité nationale bien sûr). La production du collectif n’a rien de révolutionnaire, même s’il a pour vocation de mettre "l’imagination au service de la politique". La plupart des idées, qui se veulent audacieuses, relèvent souvent du gadget : on peut se demander en effet comment "[la généralisation du] simulateur de la retraite et [l’amélioration de] l’information sur le montant de la retraite" peuvent apporter une réponse appropriée au problème structurel des retraites. Ou encore ce que signifie vraiment "l’étude de la pertinence de la mise en place (sic) d’un dispositif de sanction financière pour les partis politiques qui, aux élections nationales, ne présenteraient pas un certain pourcentage de candidats issus de la diversité". Si la quasi-totalité des propositions sont jusqu’ici restées lettre morte, on peut tout de même observer que le ministre Eric Woerth a annoncé début juillet la mise en ligne d’un simulateur pour calculer l’âge d’ouverture de ses droits à la retraite.

De nouvelles idées, seul objectif de France à venir ? Alexandre Brugère reconnaît que cette initiative sert aussi à repérer ou détecter des talents. Selon lui, à n’en pas douter, pour certains d’entre eux, "on en entendra parler à l’avenir"