* Dans le cadre du partenariat entre nonfiction.fr et Megalopolis, "le journal du très grand Paris", voici un article de Jérôme Lefilliâtre sur la démission de Christian Blanc.

 

Sous prétexte de “République irréprochable”, l’Elysée a poussé Christian Blanc à la démission. Une façon de se racheter une vertu en pleine tempête Woerth, en sacrifiant un secrétaire d’Etat qui ne servait de toute façon plus à rien.

C’est le cigare qui essaye de cacher la forêt. L’affaire Woerth secoue l’Elysée, le gouvernement, l’UMP et noie les belles promesses (remember 2007) de démocratie exemplaire. Réaction ? L’Elysée sert sur l’autel public la tête d’un ministre qui s'est égaré en fumant des havanes au frais de l’Etat (et d’un autre qui voulait agrandir sa villa de Saint-Tropez avec un permis de construire douteux…). Le gouvernement peut dès lundi pavoiser sur le thème “vous voyez, on ne rigole pas avec la morale”… Et espérer ainsi éteindre l’affaire Bettencourt...

Dans le rôle du martyr, Christian Blanc. Facile à sacrifier, l’ancien PDG d’Air France et de la RATP. Il n’est pas un cacique de l’UMP (mais plutôt un haut fonctionnaire), ni proche de Fillon (que l’arrogant semble mépriser) ni vraiment familier de Sarkozy l’exubérant (lui le taiseux). Mais surtout, il part du gouvernement alors qu’il a terminé la mission qui lui avait été confiée en 2008 : mettre le Grand Paris sur les rails. La loi a été votée en mai et le débat public démarrera en octobre pour quatre mois. La Société du Grand Paris (SGP, qui sera l’exécutif du projet pendant sa réalisation) sera créée à la mi-juillet, selon les dires de Christian Blanc lui-même. Et depuis samedi, on connaît même le nom de son “préfigurateur” (dans l’attente de la nomination du président de la SGP) : Marc Véron, jusque là directeur de cabinet de… Christian Blanc. Hasard du calendrier ? Non, opération de communication parfaitement huilée.

Le désormais ancien secrétaire d’Etat au développement de la Région Capitale va pouvoir reprendre sa place à l’Assemblée nationale (il avait été élu en 2002 et 2007 député de la 3e circonscription des Yvelines), où l’avait remplacé sa suppléante, Colette Le Moal. Et le ministre de tutelle du Grand Paris est désormais Michel Mercier, ministre de l’Aménagement du territoire. L’homme, plutôt réputé pour être un homme de la terre, est président du conseil général du… Rhône. Ca fait même rire les Lyonnais. S’il fallait une seule preuve que la mission de Christian Blanc était bel et bien achevée, ce serait celle-là