Devant 6000 personnes réunies à la Halle Freyssinet à Paris   , Dominique de Villepin a lancé son nouveau parti politique République Solidaire ce samedi 19 juin. La date n’est pas anodine, puisque dans son discours, l’ancien Premier ministre s’est placé dans la lignée du général de Gaulle et a placé son mouvement dans celle des grands moments fondateurs de la République : la Révolution de 1789, celle de 1830, l’avènement de la Troisième République, la Résistance… Il a également joué sur les grands thèmes chers à la France : la liberté, l’égalité, la défense des "orphelins de la République" auprès de qui il espère trouver du soutien, et des voix, pour battre Nicolas Sarkozy en 2012.

"Alors, que tous ceux qui, dans notre pays, pourraient se laisser gagner par le fatalisme, par le cynisme ou l’indifférence, puissent en nous regardant ici, cet après-midi, se convaincre que quelque chose se lève à nouveau en France, quelque chose qui ne cessera, au fil des mois, de grandir. Car au cœur de notre histoire, il y a une ambition plus forte que la politique, il y a l’amour de la France".

Une alternative en 2012 ?

Villepin justifie son ambition d’être une "alternative" politique face à la gauche, "Quand les socialistes refusent de voir la réalité en face, refusent d’assumer les réformes indispensables en s’en remettant aux vieilles recettes et avec pour seul projet une société de l’impôt et de l’assistance, alors que les Français veulent construire une société de l’autonomie", mais aussi à la droite, et donc à Nicolas Sarkozy : "Une alternative est nécessaire, car tout le monde voit que la politique menée aujourd’hui ne donne pas les résultats espérés".
Sans le nommer, il a ainsi clairement affiché son engagement contre le président de la République dont les résultats après trois ans de mandat ne montrent qu’un accroissement des inégalités, engagement qui serait, selon lui, uniquement politique, et sans rancune personnelle par rapport à Nicolas Sarkozy et à l’affaire Clairstream.

Cependant, pour espérer peser en 2012, Dominique de Villepin doit rassembler davantage de personnes. Après ses visites en banlieue parisienne, Bondy et Mantes-la-Jolie notamment, et dans les campagnes, il cherche à atteindre les populations déçues par la politique ultra-sécuritaire du gouvernement et les dérives du système institutionnel et économique.

La majorité prétend que cet "appel du 19 juin" et la fondation d’un nouveau parti politique ne sont qu’un "événement minime", pour reprendre les mots de Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP. Mais Dominique de Villepin pourrait poser quelques problèmes à Nicolas Sarkozy en 2012, moins dans sa capacité à être élu qu’à récupérer les voix des "déçus du sarkozysme" : en effet, selon un sondage Ifop pour le Monde, "c’est à Nicolas Sarkozy que Dominique de Villepin prendrait le plus de voix".

Quelles idées ? Quel programme ?

Dans son discours du 19 juin, Dominique de Villepin a attaqué fortement le gouvernement, et surtout le président de la République, dans leur incapacité à sortir la France de la crise et il a  présenté un embryon de programme politique.
- Les institutions politiques doivent être protégées et conservées dans l’esprit de la Ve République avec notamment "un président au-dessus de la mêlée qui assume pleinement son rôle de guide, de garant et d’arbitre, qui s’engage dans la durée sur les priorités essentielles au service de l’intérêt général" et une justice et des médias indépendants.
- Les 35h doivent être réformées pour permettre "une autre conception du travail, associant plus de souplesse, plus de liberté, plus de garanties".
- Les impôts doivent être modifiés avec la suppression de l’ISF et du bouclier fiscal et la création d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu pour les plus riches.

Dominique de Villepin a également mis en avant d’autres mesures pour lutter contre le chômage et assurer une plus grande égalité sur le marché du travail, notamment concernant les femmes, les seniors et les jeunes. L’ancien Premier ministre qui rencontra une très forte opposition quand il voulut imposer le CPE est également revenu sur cette expérience : "Je vous l’ai dit, j’ai tiré les leçons du CPE. Mais je ne me suis jamais résolu à baisser les bras devant le chômage des jeunes. Cela reste l’injustice la plus criante dans notre société. C’est la cause principale de la perte de confiance des Français dans l’avenir. N’y allons pas par quatre chemins et proposons une mesure simple : dans chaque entreprise de plus de 500 salariés, nous devons avoir un pourcentage minimum de jeunes de moins de 25 ans au travail".

Dominique de Villepin espère donc devenir une alternative pour la droite en 2012. Mais pour cela, il devra réunir des sympathisants, des militants et des élus autour de lui. Pour l’instant, c’est précisément là que le parti "République Solidaire" doit travailler : pour l’instant le groupe peut revendiquer 15 000 adhérents, selon les chiffres du "club Villepin" et quelques élus comme Jean-Pierre Grand, député de l'Hérault, ou François Goulard, député du Morbihan. Mais il a également perdu le soutien de Hervé Mariton, député UMP de Drôme et membre du club Villepin, qui a annoncé qu’il ne rejoindrait pas République Solidaire. Ce 19 juin, il a reçu le soutien de son ancien ministre délégué à l’égalité des chances Azouz Begag qui va rester en parallèle membre du Modem.

Un long chemin reste donc à parcourir pour Dominique de Villepin avant 2012… Affaire à suivre