Une Coupe du monde de football est un événement mondial majeur. C’est le deuxième événement sportif après les Jeux Olympiques ; ainsi, selon la FIFA, l’audience cumulée télévisuelle de la Coupe du monde 2006 en Allemagne était de plus de 26 milliards de téléspectateurs pour plus de 73 000 heures de retransmission, et cela représente d’énormes retombées financières. Mais qui en tire profit ?
 
La FIFA ? Les chaînes de télévision ? Les sponsors ?

L’UNESCO estime, d’après une étude du cabinet Deloitte, que les recettes commerciales de la Coupe du monde s’élèveraient à plus de 560 millions d’euros par année sur quatre ans pour la FIFA (Le Monde, 4 décembre 2009). En effet, seuls les sponsors officiels de la FIFA sont autorisés à vendre aux abords des stades les produits dérivés (ballon officiel, maillots, drapeaux…) de la Coupe du monde. La FIFA va également décrocher le jackpot en engrangeant les droits de retransmission des matchs : 1,6 milliard d’euros (Le Monde, "Les bonnes affaires de la Coupe du monde de football", 7 juin 2010).

En France, trois groupes vont diffuser des matchs de la Coupe du monde : TF1, France Télévisions et Canal +. Avec plus de 22 millions de téléspectateurs français pour la demi-finale Portugal-France et pour la finale Italie-France en 2006, l’édition en Allemagne avait permis à TF1 d’atteindre un nouveau record des meilleures audiences télé en France (Europe 1, La Coupe du monde, une bonne affaire ?). TF1 a dépensé 120 millions d’euros pour acheter les droits des 64 matchs à la FIFA et a revendu une partie (37 matchs) à France Télévisions et Canal +.
La chaîne espère rentabiliser cet investissement en vendant à des prix records les spots publicitaires : 150 000 euros pour un spot pendant le deuxième match de l’équipe de France contre le Mexique et 300 000 euros, pour trente secondes, si la France est en finale.
Cependant, selon une expertise de Reload   , TF1 ne devrait pas récupérer sa mise de départ. Les recettes de la publicité sont en effet évaluées entre 55 et 65 millions d’euros. C’est cependant pour ces trois chaînes un investissement à long terme et une question d’image.

Adidas, Nike et Puma, les trois sponsors principaux des équipes qualifiées pour la Coupe du monde, espèrent également tirer profit de cet événement, principalement avec la vente des maillots. Adidas espère ainsi améliorer son chiffre d’affaire de 1,3 milliard d’euros atteint lors de la dernière Coupe du monde. La marque aux trois bandes avait également vendu près de 10 millions de ballons officiels en 2006.

La Coupe du monde est également un événement important pour les commerçants de détail et les cafetiers, qui espèrent tous que la France réussisse un parcours idéal ; ils pourraient ainsi engranger plus de 900 millions d’euros selon le Center for Retail Research si la France se qualifie en huitièmes de finale (874 millions pour les commerçants et 92 millions pour les bars et cafetiers) et près de 1,6 milliard pour les commerçants et 250 millions pour les bars en cas de qualification pour la finale (Challenges, 8 juin 2010).

...ou l’Afrique du Sud ?

Il est plus difficile de calculer les bénéfices que le pays hôte peut espérer de l’accueil de la Coupe du monde. 3 milliards d’euros ont été dépensés pour l’organisation et 10 milliards de retombées seraient attendus pour l’économie sud-africaine selon le cabinet d’audit Grant Thornton (The Economist, "Who profits most ? The money flows, but not only into South African pockets”, 13 mai 2010). Le tourisme devrait contribuer pour 16 % du total, avec près de 373 000 étrangers attendus (moins nombreux que les 500 000 espérés) qui devraient rester en moyenne 18 jours.

Des critiques se font cependant entendre sur les coûts exorbitants d’un tel événement, pouvant être supportés par des pays riches comme l’Allemagne, mais trop importants pour l’Afrique du Sud. Choisir de construire des stades ultramodernes dans un pays où les problèmes économiques et sociaux génèrent de telles inégalités représente un pari risqué pour les gouvernants : l’Afrique du Sud va-t-elle pouvoir ensuite profiter sur le long terme des retombées de la Coupe du monde ? (Libération, "Fierté nationale, un coup de pub à 5 milliards). Le fait que le pays soit sous les feux des caméras et des reporters du monde entier pendant un mois peut en effet motiver les investisseurs et les touristes pour les années suivantes ; mais en cas d’échec, les conflits sociaux en Afrique du Sud pourraient être exarcerbés.

 "On se souviendra de la Coupe du monde comme du moment où l’Afrique a redressé la tête et a résolument tourné le dos à des siècles de pauvreté et de conflit" : ainsi Thabo Mbeki, ancien président de l’Afrique du Sud, illustrait-il les attentes politiques et symboliques des Sud-africains. C’est en effet à ce niveau que l’Afrique du Sud espère également tirer bénéfice du Mondial : montrer au monde entier que c’est un pays moderne, malgré la pauvreté et les inégalités, et unir la population comme l’avait fait pour un temps la Coupe du monde de rugby en 1995 (Timeslive, "The real benefit of the World Cup lies in Nation building"). La présence de Nelson Mandela au match d’ouverture ce vendredi est à ce titre fondamentale pour la communication politique autour de l’événement

 

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