En avril 2000, 164 Etats ont signé le Cadre d’action de Dakar du Forum mondial sur l’éducation selon lequel ces gouvernements s’engagent à améliorer les conditions et les possibilités d’apprentissage des enfants et des adultes avant 2015 au niveau mondial. L’Unesco, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, a récemment publié son Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous 2010 qui présente la situation dix ans après cet accord.

L’objectif du rapport était d’une part d’étudier les progrès accomplis ces dernières années dans l’accès à l’éducation au niveau mondial et d’autre part de mettre en place de nouvelles politiques pour "atteindre les marginalisés".


Les objectifs définis par le Cadre d’action en avril 2010
 
1. Développer et améliorer sous tous leurs aspects l’éducation et la protection de la petite enfance, notamment des enfants les plus vulnérables et défavorisés.
2. Faire en sorte que d’ici à 2015, tous les enfants, notamment les filles, les enfants en difficulté et ceux appartenant à des minorités ethniques, aient la possibilité d’accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu’à son terme.
3. Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats ayant pour objet l’acquisition de connaissances ainsi que de compétences nécessaires dans la vie courante.
4. Améliorer de 50 % les niveaux d’alphabétisation des adultes, notamment des femmes, d’ici à 2015, et assurer à tous les adultes un accès équitable aux programmes d’éducation de base et d’éducation permanente.
5. Éliminer les disparités entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2005 et instaurer l’égalité dans ce domaine en 2015 en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite
6. Améliorer sous tous ses aspects la qualité de l’éducation dans un souci d’excellence de façon à obtenir pour tous des résultats d’apprentissage reconnus et quantifiables – notamment en ce qui concerne la lecture, l’écriture et le calcul ainsi que les compétences indispensables dans la vie courante.

Quelques données…

- Entre 1985-1994 et 2000-2007, le taux d’alphabétisme des adultes a progressé de 10 %, atteignant aujourd’hui 84 %.
- Le nombre d’enfants non scolarisés a baissé de 33 millions dans le monde depuis 1999. Il y avait 72 millions d’enfants non scolarisés en 2007. Au rythme actuel, il en resterait 56 millions en 2015.
- En Afrique subsaharienne, le taux des inscriptions est cinq fois plus élevé que dans les années 1990, la "décennie perdue".
- 759 millions d’adultes sont encore dépourvus de compétences en matière d’alphabétisme. Les deux tiers sont des femmes.
- Environ 54 % des enfants non scolarisés sont des filles.

L'impact de la crise économique

"L’effet conjugué du ralentissement de la croissance économique, de l’augmentation de la pauvreté et de la pression accrue sur les budgets pourraient venir entamer les progrès réalisés au cours des dix dernières années".

L’impact de la crise économique mondiale sur l’éducation dans les pays les plus pauvres est analysé comme un frein aux progrès réalisés depuis dix ans. Une "génération perdue" pourrait notamment être la conséquence de cette crise qui limite le droit à l’éducation. En effet, les aides au développement fournies par les pays riches aux pays pauvres ont baissé du fait de la crise, ce qui a un impact immédiat sur l’éducation : les familles les plus pauvres suppriment ces dépenses de leur budget en premier. Il manquerait ainsi seize milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs fixés en 2015.

De plus, il serait nécessaire de créer une "gouvernance" de cette aide pour permettre à toutes les populations d’être concernées, surtout les minorités et les plus pauvres, et augmenter l’aide pour les pays touchés par des conflits : "Les gouvernements des pays riches n’ont apporté qu’une aide modeste aux pays les plus pauvres et aux citoyens les plus vulnérables". Un système suivant l’exemple des fonds internationaux de santé devrait ainsi être mis en place avec des approches multilatérales pour améliorer les conditions d’apprentissage et l’équité.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Mettre un terme au lien "pauvreté, inégalité et marginalisation dans l’éducation" reste donc l’un des objectifs majeurs pour atteindre l’objectif de L’éducation pour Tous. Des incitations financières offertes aux enseignants pour qu’ils se rendent dans des zones rurales ou défavorisées seraient une solution tout comme le recrutement de professeurs issus eux-mêmes des minorités.

Il semble donc difficilement envisageable que les objectifs fixés à Dakar en 2000 soient atteints en 2015, malgré les progrès réalisés ces dix dernières années. La crise économique et la nécessité de nombreux Etats occidentaux de réduire leurs dettes publiques menacent l’aide au développement et les systèmes éducatifs de ces pays eux-mêmes (restrictions budgétaires, non renouvellement des professeurs partant à la retraite), où les personnes les plus pauvres ont également un accès moindre à l’éducation, notamment à une éducation de qualité