L’importance des blogs en Europe ou en Amérique du Nord dans la promotion de nouvelles idées ou la diffusion d’opinions politiques minoritaires est souvent étudiée. La question des blogs africains est au contraire rarement analysée. Ils sont pourtant en forte croissance et participent à la diffusion de débats politiques, culturels ou sociaux en Afrique, "du Caire au Cap". Geraldine de Bastion, journaliste allemande, analyse ce phénomène dans un article publié dans la revue "Blätter für deutsche und internationale Politik" (article disponible en anglais sur le site eurozine.com sous le titre "Africa's blogosphere. Citizen journalism from Cairo to Cape Town”).

Les blogs sont ainsi de plus en plus nombreux en Afrique, mais leur nombre varie fortement en fonction des pays. L’Afrique du Sud est celui où sont répertoriés le plus de blogs, rien d’étonnant à cela puisque c’est le pays le plus riche du continent. Viennent ensuite le Nigeria, le Kenya et l’Egypte. Le blog Afrigator répertorie, par pays et par thème, d’autres blogs africains pour transmettre leurs contenus plus facilement et améliorer les échanges. Si les blogs africains sont très divers, comme en Europe ou en Amérique du Nord, ceux à visée politique, économique, sociale ou humanitaire sont importants et peuvent obtenir un poids politique et médiatique important.

Geraldine de Bastion illustre ainsi comment des Kenyans ont utilisé leurs blogs pour faire circuler des idées politiques et des informations au moment des élections présidentielles en 2007 pendant lesquelles le gouvernement avait fortement censuré les médias "traditionnels". Les SMS avaient aussi été largement utilisés, d’un côté pour appeler à la violence inter-ethnies et d’un autre, pour appeler à la paix. Les blogs sont également de plus en plus utilisés en Afrique pour défendre, ou exiger, des libertés souvent totalement niées par les pouvoirs en place, notamment la liberté de la presse. Ils permettent de débattre sur ces sujets, mais aussi d’informer l’opinion publique quand des blogueurs sont censurés ou arrêtés par les autorités. Celles-ci considèrent en effet ces blogs comme des menaces et les surveillent de plus en plus.

Cette "blogosphère africaine" reste cependant très dépendante de l’accès à Internet en Afrique. Celui-ci est le plus faible au niveau mondial. Ainsi, selon le site internetworldstats, 8,7 % des Africains ont accès à Internet contre 20 % des Asiatiques, 32 % des Latino-américains, 53 % des Européens et 76 % des Américains du nord

 

* Geraldine de Bastion, "Africa's blogosphere. Citizen journalism from Cairo to Cape Town", Blätter für deutsche und internationale Politik