La sixième édition du Forum de Paris se tient les 9 et 10 avril 2010 sur le thème : "L'Europe, les Etats-Unis et la Méditerranée" avec la participation de Pierre Lellouche, Hubert Védrine, Robert Malley (ancien conseiller de Bill Clinton), ou Marc Otte, envoyé spécial de l'UE au Proche-Orient.

Association loi 1901, subventionnée notamment par TF1 et la Fondation Guerrand-Hermès, le Forum a été créé par des personnalités liées au dialogue israélo-palestinien.  La première édition s'est d'ailleurs tenue en 1995, aux lendemains des accords d'Oslo. Le Forum délocalise depuis peu ses évènements : Alger, Tunis, Barcelone, Casablanca.

Le Forum se veut un espace d'échanges ouvert sur les questions économiques et sociales qui touchent les deux rives de la Méditerranée.

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Nonfiction.fr- La mise en place de l'Union pour la Méditerranée (UPM) a-t-elle rétabli l'équilibre en faveur des pays du Sud ?


Albert Mallet- A mon avis, nous n'avons pas eu une bonne politique envers les pays de la Méditerranée. L'Allemagne a incité la France et d'autres pays de l'UE à s'intéresser à l'Est. La France en a oublié qu'elle était d'abord un pays méditerranéen. Il a fallu quelque temps pour s'apercevoir que nous nous éloignions de nos relations naturelles. Peu de gens ont une vraie vision méditerranéenne. C'est dommage car il n'y a pas de crise là-bas. Dans des pays comme le Maroc, l'Algérie, la Tunisie, il y a un vrai pouvoir d'achat. Le potentiel est énorme. J'ai d'ailleurs aidé à l'introduction de la Caisse d'épargne au Maroc où 20 % des gens sont bancarisés seulement.

Nonfiction.fr- Pensez-vous que l'Union pour la Méditerranée (UPM) parviendra à faire émerger une vraie coopération entre l'Europe et les Pays du Sud ?

Albert Mallet- Nous ne sommes pas encore sortis d'une relation dominants-dominés dans nos rapport avec les pays méditerranéens. Nous avons du mal à mettre en place une relation égalitaire. L'UPM permettait justement de mettre sur un pied d'égalité le nord et le sud. Mais, pour l'instant, c'est un échec. L'UPM est paralysée pour des raisons politiques principalement. Ceux qui ne veulent pas avancer utilisent le prétexte du conflit israélo-palestinien. Si on en parle moins, les tensions entre l'Algérie et le Maroc sur la question du Sahara occidental ne doivent pas non plus être négligées.  Il faut dépasser cela. Bâtir des projets concrets aidera à créer une dynamique de paix. C'est un bon moyen de créer des liens entre les peuples. L'UPM pourra marcher sur la base de partenariats partiels, ponctuels entre quelques pays seulement.

Nonfiction.fr- Vous avez intitulé cette nouvelle édition "L'Europe, les Etats-Unis et la Méditerranée". Les Etats-Unis sont-ils toujours en mesure de jouer un rôle pour résoudre le conflit israélo-palestinien ?

Albert Mallet- Oui, je pense. Le président américain est l’objet de beaucoup d’espoirs. Il souhaite s'investir dans la région. Barack Obama privilégie une approche multilatérale et souhaite restaurer le leadership américain mis à mal par la diplomatie de son prédécesseur. Le Forum a choisi de s'intéresser aux orientations de la nouvelle administration américaine dans l’espace méditerranéen qui peuvent influencer profondément l'avenir de cette région. Nous nous demanderons également comment la politique américaine pourra se conjuguer avec l'action de l'Union européenne.

Nonfiction.fr- Justement pensez-vous que l'Europe puisse acquérir un statut d'acteur à part entière ?


Albert Mallet- On ne peut rien faire sans l'Europe. Elle n'a pas encore réellement de poids politique. Il faut qu'elle parle d'une seule voix. Mais elle est considérée comme un interlocuteur crédible par les Palestiniens. Et les Israéliens ne peuvent pas se couper de l'Europe qui représente un marché important. Il faut jouer sur cela.

 

Propos recueillis par Estelle Poidevin