Quelques semaines après la publication du rapport sur la révision des lois de bioéthique, la fondation progressiste Terra Nova propose sa propre lecture des modifications à apporter dans un rapport intitulé "Accès à la parenté, Assistance médicale à la procréation et adoption".
 
Sous la présidence de Valérie Depadt-Sebag, maître de conférences en droit, et de Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste, une quinzaine de membres issus de la communauté scientifique, politique ou associative   se sont réunis pendant plus d'une année pour parvenir à ce rapport destiné à interroger les accès à la parenté, avant tout sous l'angle juridique puisqu'il est bien question de réviser les lois de bioéthique. Ainsi, l'assistance médicale à la procréation, avec ou sans tiers donneur, l'adoption, la gestation pour autrui, le don d'embryon sont des exemples des points abordés dans ce rapport par rapport aux couples hétérosexuels, homosexuels ou aux personnes seules.
 
Le but de ce rapport n'est pas de faire consensus mais au contraire de poser des questions et d'interroger les pratiques existantes au regard des demandes sociales évolutives. Au sein même du groupe de travail on constate que deux approches différentes ont été privilégiées : une approche portée par Valérie Depadt-Sebag qui propose à court terme certaines révisions des lois de bioéthique fondées sur une idée de réalisme et une autre réflexion menée par Geneviève Delaisi de Parseval à plus long terme, demandeuse de changements plus radicaux.
 
En effet, l'option réaliste reconnaît qu'à court terme les modifications législatives vont être limitées par la tendance conservatrice de la classe politique sur les questions bioéthiques et surtout en matière de procréation et de filiation. Il s'agirait donc de rapprocher la filiation adoptive de la filiation issue d'une AMP   avec tiers donneur en levant l'anonymat sur le geste de l'AMP et sur l'identité du donneur pour en finir avec un "mensonge légal"   . Il est certain qu'il n'existe pas aujourd'hui de consensus pour laisser choir un des principes qui ont présidé, et qui président toujours, aux lois de bioéthiques : consentement, gratuité et anonymat, même si ce rapport retient que ces principes n'ont pas l'universalité que certains veulent bien leur prêter   . La GPA   devrait être autorisée sur des critères médicaux afin de limiter les risques de dérive marchande. Enfin, l'adoption devrait être modifiée afin que les couples non mariés et homosexuels puissent se porter candidats.
 
A plus long terme, le rapport préconise de réfléchir à un "droit des couples à fonder une famille"   . Si les modifications proposées pour la réforme de 2010 s'appuient sur l'idée selon laquelle l'utilisation des techniques d'AMP ou l'adoption serait conditionnée par une forme de stérilité médicalement constatée, les idées de réforme à plus long terme se fondent, elles, sur l'orientation sexuelle qui ne permettrait pas de concevoir "naturellement". Ainsi la GPA serait pour les couples homosexuels masculins une possibilité pour devenir parents.
 
Cette orientation du rapport est destinée à provoquer le débat et faire réagir la société, afin que lors de la prochaine réforme des lois de bioéthiques elle soit prête à avancer encore plus loin