Le journal russe Nezavisimaia Gazeta *, est l’une des rares publications de presse écrite qui se montre critique avec le pouvoir. Outre des articles de journalistes, politologues, historiens, sociologues ou économistes russes qui osent critiquer nommément les dirigeants du Kremlin, ce journal a une rubrique intitulée "les Médias de l'Ouest" * dans laquelle il référence, résume et dirige ses lecteurs vers des articles de la presse occidentale sur la Russie.

Il reprend souvent les publications du projet journalistique inosmi.ru *, sorte de Courrier International russe, qui reprend les contenus de plus de 1 300 publications étrangères. Le site bénéficie d’une version refondue depuis 2009 et s’apprête à ouvrir une rubrique multimédia, où l’on pourra voir et entendre des contenus télé et radio. Il offre également un forum * à ses lecteurs, où ils peuvent discuter du contenu du site, souvent à tonalité critique envers le Kremlin et les dysfonctionnements de la société russe.   

Cette ligne éditoriale est devenue suffisamment rare aujourd’hui en Russie pour être soulignée. Car dans la plupart des journaux russes les publications "de l’Ouest" sont reprises uniquement pour des informations de divertissement (sport ou show-biz), ou pour illustrer la "propagande russophobe" que sont censés éructer les médias occidentaux à longueur de colonne, Etats-Unis et Union européenne en tête.   

Dans sa dernière rubrique *, Nezavisimaia Gazeta rassemble divers papiers de la presse étrangère sous le titre "Le système Poutine se désagrège de l’intérieur". Ce titre reprend celui d’un article du Handelsblatt de Florian Willershausen, qui liste plusieurs déclarations ouvertement critiques de figures politiques de la Communauté des Etats Indépendants (CEI) ou des protestations populaires contre le Premier ministre Poutine, chose assez rare jusqu’il y a peu.

Y figure également un article de l’édition conjointe du New York Times et du International Herald Tribune intitulé "Dead End Russia" de Fraser Cameron, (directeur du EU-Russia Centre, centre de documentation et d’information indépendant sur la Russie), dans lequel il questionne le slogan "Nouvelle Russie 2020". Campagne de communication par laquelle Medvediev souhaite rétablir la confiance des investisseurs occidentaux, dont les capitaux ont eu tendance à quitter massivement la Russie dès avant la crise, pour cause de mauvais climat des affaires, d’absence d’Etat de droit, voire de risques de voir leurs biens tout simplement "absorbés" par des autorités ou des partenaires économiques russes indélicats.    

Pour finir, Nezavisimaia Gazeta se réfère à l’article de Timothy Garton Ash sur l’élection présidentielle en Ukraine dans The Guardian. Ash estime que l’Ukraine "n’est pas perdue" à la suite de cette élection, même s’il confesse qu’en tant "qu’enthousiaste de la révolution orange", il a perçu la désillusion croissante des Ukrainiens depuis le sursaut populaire de 2004. Ash en appelle assez logiquement à une implication plus forte de l’UE, dont les Ukrainiens attendent des gestes concrets, comme l’allègement du régime des visas, des aides à l’investissement et à la coopération économique, ainsi qu’une promesse ferme pour un calendrier d’adhésion

     
* en russe